Miracle à Saragosse De Charles Leselbaum , après la lecture du texte de Lucette Valensi sur le Pourim de los cristianos, un texte curieux sur le Pourim de
Saragosse rappelant la vision prophétique d’un homme simple, le bedeau Ephraïm Baroukh, en 5180 (1420). Cette vision et l’action immédiate du bedeau qui s’ensuivit sauvèrent la Communauté d’un terrible châtiment. Aki Yerushalayim De Moshe Shaul, son éditeur responsable, le N° 46 de la revue, “la unika revista en el mundo publikada enteramente en djudeo-espanyol i dedikada a la konservasion i difuzion del patrimonio kultural sefaradi.” Abonamiento 25$ por los dos numeros anuales. Adresse:”Sefarad” P.O.B. 8175Yerushalayim 91080 Israël L’éditorial expose que la radio d’Etat “Kol Israël”, dans le cadre de laquelle M.Shaul est responsable de l’émission en judéo-espagnol depuis tant d’années, ne peut plus assumer financièrement la charge de la revue. Le comité “Sefarad 92” prend provisoirement le relais, mais il est indispensable que la publication s’approche le plus vite possible de son équilibre financier. La revue rend compte entre autres de tous les périodiques du monde relatifs aux judéo-espagnols, et rien que dans ce domaine elle est irremplaçable. Abonnez-vous. C’est un
morceau de patrimoine, ne le laissons pas mourir. Pour les lecteurs parisiens,
il est aussi simple de se procurer la revue au Point Sépharade1. Los Muestros Nous recevons le numéro spécial consacré aux Juifs d’Italie, comportant un grand nombre de contributions érudites, neuves, souvent émouvantes, organisées en cinq sections : Histoire ( les Hébreux en Italie, les Juifs en Sardaigne, à Rome, le ghetto ), Communautés (Venise, Bologne, Veroli , Asti, Turin, Florence, Parme, Livourne, Rhodes etc...). Culture. Les années noires, Juifs du Pape. Nombreuses signatures prestigieuses, illustrations soigneusement choisies. Superbe livraison à ne pas manquer, volume de référence à conserver précieusement, 160 pages ( nous disposons encore de quelques exemplaires, 130FF l’unité, s’adresser à la Rédaction) C’est toujours la meilleure revue sépharade
d’Europe ! 25 rue Dodonée à B-1180-Bruxelles Le talent de Liliane Du docteur Robert Anave, de Nice, un ensemble : texte + cassette audio, de Liliane Treves-Alcalay, en italien, racontant épopée musicale et traditions culturelles des Sépharades. La dernière partie du livre comporte la musique des chansons enregistrées en judéo-espagnol dans la cassette, aussi bien que les textes en judéo-espagnol et en traduction italienne en vis à vis. Quel charme Liliane ! et quel soin dans la parfaite mise au point de l’accompagnement et de l’enregistrement ! ”La Giuntina”, éditeur à
50122 Firenze, 26 via Ricasoli Un cimetière peu connu De Martine Carasso, un article paru dans le “Courrier du Bureau d’Aide Sociale de Paris” , édition de février 1993 Un cimetière juif portugais rue de FlandreA l’abri des regards indiscrets, ignoré des passants et de la plupart des habitants du quartier, derrière un rempart d’immeubles neufs, se cache un des plus anciens cimetières de Paris. Il s’agit d’un cimetière de Juifs portugais. Dès 1691, au N° 46 de la rue de Flandre, se trouvait l’”Auberge de l’Etoile” tenue par le sieur Camot qui permettait, contre rétribution, que l’on inhumât les juifs dans son jardin. Sous l’instigation de Jacob Rodriguez Pereire, remarqué par Louis XV pour son rôle dans l’éducation des sourds-muets, une communauté d’Israélites portugais acheta un terrain contigu afin de l’affecter à l’inhumation de coreligionnaires lusitaniens exclusivement. Cette petite nécropole fut fermée en 1810 lorsqu’une partie du Père Lachaise eut été attribuée aux Israélites, mais elle resta propriété du Consistoire. Une trentaine de dalles funéraires subsistent avec des inscriptions gravées en hébreu ou en français, datées selon le calendrier hébraïque avec des correspondances données pour le calendrier chrétien ou révolutionnaire. Ces Portugais avaient émigré d’Espagne vers le Portugal en 1492, fuyant pour éviter - en principe - la conversion forcée. Ils n’y échappèrent pourtant pas longtemps puisque dès la toute fin de 1496 le roi décida qu’il n’y aurait plus de juifs dans son pays. La fuite étant difficile, les juifs se convertirent et devinrent les “nouveaux chrétiens” - qu’on appela plus tard “les marranes” -, et comme tels commencèrent à émigrer par petits groupes discrets vers Bayonne et Bordeaux, voire Rouen, Amsterdam, Hambourg et Londres où ils furent tolérés sous l’euphémisme de “commerçants portugais”, puis simplement “Portugais”. La plupart redevinrent juifs et pratiquèrent à nouveau leur culte . Au bout d’un siècle et demi, certains se retrouvèrent à Paris et eurent besoin, à leur mort, d’une sépulture. Quelqu’un de nos lecteurs parisiens, hébraïsant, ira-t-il un jour relever les noms sur les tombes de ces proprement sépharades ? Nous publierions volontiers ce relevé. Escale à Naples Du prof. Samuele Varsano, de Rome, la reproduction d’un article qu’il avait écrit pour la revue “Storia contemporanea” en février 1992, intitulé “Juifs de Salonique immigrés à Naples (1917-1940), un témoignage, et dont il nous autorise à utiliser la substance. L’incendie d’août 1917 avait jeté dans la rue des dizaines de milliers de personnes, majoritairement des juifs. La question s’est posée, pour ces réfugiés dans leur propre ville, de leur devenir dans cette situation désastreuse. Et un certain nombre de familles entières, pour des raisons souvent fortuites, décidèrent d’émigrer, en pleine guerre, pour Naples. L’embarquement eut lieu le 3 octobre de la même année, sur le navire “Bosphore” ( qui devait d’ailleurs être coulé lors d’un voyage ultérieur) et la traversée de ces familles Varsano, Benusiglio, Beraha, Ezratty, Gattegno, Haïm dura 17 jours, partie en mer, partie à l’abri dans des ports. | Les nouveaux venus revivifièrent le judaïsme napolitain, dont le ladino était déjà la langue de prière dans la liturgie synagogale depuis 1890, sous l’influence des Livournais. D’ailleurs, en 1917, le rabbin était Lazzaro Tedesco, lui même natif de Livourne. En 1935, le registre synagogal portait encore une cinquantaine de noms dont l’origine était salonicienne, et quelques noms d’hispanophones d’autres régions balkaniques. L’esprit d’initiative ne manquait pas à ces gens, qui avaient commencé à cuire à leur manière du pain azyme, celui romain qu’on pouvait se procurer ne leur plaisant pas, et à cultiver des bahmias, légume2 qu’ils aimaient cuisiner et qui n’existait pas sur le marché.... Les lois raciales édictées par Mussolini vers 1938 à 1940 finirent de disperser cette communauté, dont nombre de membres se retrouvèrent à Paris, à Milan ou beaucoup plus loin...... Qui, parmi nos lecteurs, se sait descendant de ceux-là ? Del pasado, no hay remedio... Nous recevons de Monsieur Andrezj Krzeczunowicz, Ambassadeur de Pologne à Bruxelles, et qui avait demandé l’envoi de notre “L.S.”, le mot de remerciements suivant : “Grand merci des deux numéros de la “Lettre Sépharade”que je viens de recevoir. J’ai établi ici un bon contact avec votre communauté, ce qui me fait grand plaisir et qui est surtout utile pour nos deux peuples.....” M. A.K. était auparavant en poste à Paris, directeur de la bibliothèque polonaise, en laquelle il avait accueilli avec une grande élégance notre “fête des Carasso”. Qu’il en soit encore une fois remercié. En ces temps de tension intermittente (misérable affaire du carmel d’Auschwitz pour n’envisager que la plus récente...), il est agréable que les hommes de bonne volonté s’adressent des signes. Accrocs D’Elie Shaul, en Israël, mais précédemment en Turquie, un texte expliquant combien les expulsés d’Espagne doivent à l’Empire ottoman, dont la Turquie actuelle est l’héritière, mais combien trois “accrocs” à cette longue cohabitation ne doivent néanmoins pas être dissimulés : En 1934, sous “l’équipage” Atatürk/Inönü, troubles et pillages antisémites dans de nombreuses grandes villes : Edirne, Silivri, Kirkareli, Chorly, Kanakale etc., désordres, incendies, violences....peu réprimés. S’ensuivit une vague d’émigration vers Istanbul et la Palestine. En 1941, mobilisation des hommes juifs de 20 à 40 ans, emmenés dans des camps (Yozgat en Anatolie par exemple) et soumis à une forte pression/chantage. En 1942, institution d’un impôt spécial sur l’enrichissement, appelé “Varlik Vergisi” frappant en réalité essentiellement les Juifs, les Arméniens, les minorités ethniques, avec séjour en camp de concentration (d’Ashkala par exemple) pour ceux qui ne s’exécutaient pas rapidement. La famille d’Elie Shaul eut à souffrir de ces évènements, mais lui même y échappa , effectuant son service militaire en Anatolie, à titre de lieutenant-dentiste, sous la protection du général Nuri Berköz. Et là, dans ce camp Ashkala, furent prononcées formellement les menaces pour les Juifs d’être “brûlés dans des fours”, non suivies d’effet heureusement ! Tout comme plus loin, (voir le texte d’Elias Petropoulos) la question se pose de savoir comment, en 1942 en Turquie non occupée par l’Allemagne, comme en Grèce encore partiellement occupée, les rumeurs de fours crématoires étaient déjà répandues ! De l’Inquisition De Félix de Vidas, et à propos de Saragosse encore, une liste des juifs et convertis condamnés et exécutés par le tribunal de l’Inquisition, en personne ou en effigie, entre 1483 et 1504. Cette compilation d’Amador de los Rios fut éditée à Madrid en 1875. La liste, énoncée dans l’ordre alphabétique des prénoms, comprend des hommes et des femmes de toutes conditions sociales, de cultivateurs à médecins. Voici trois exemples relevés en fin du 15ème siècle , qui illustrent les différents cas de figures : “Jacobo Abenejacca, vecino de Çaragoça, hereje judío, relaxado en persona en 23 de diciembre de 1485” “Joan de Madrid, vecino de Çaragoça, hereje judío, fugitiuo, relaxado en estátua en 21 de março de 1488” “Joana Picar, muger de Pascual de Pertusa, defuncta, relaxada en sus huesos, en 22 de junio de 1497” Cest nous qui avons souligné. Ne traduisez pas “relaxado” par “relaxé”, mais par "exécuté”.... remarquez aussi que l’Inquisition exécutait dès avant 1492 des juifs convertis, ce qui montre bien que les conversions n’ont pas débuté massivement en 1492, mais peut-être en 1391, ou avant ! Il est amusant de constater l’orthographe de “muger” (pour “femme”) qui ne comporte encore pas la “jota”,. Par ailleurs il est intrigant de ne trouver dans cette liste que peu de noms actuellement portés par des Sépharades balkaniques, et au contraire, nombre de Sanchez, Perez, Romeo, Ruiz, Berenguer, Rodriguez, Rosales, Ortigas, Montesa, etc, que nous sentons intuitivement comme “typiquement espagnols” et quelques Navarro, Vidal, et même un Perpiñan ! La vie juive médiévale en Espagne Notre amie Béatrice Leroy nous régale d’un livre vif, fourmillant d’anecdotes et de petits faits contrastés, souvent relevés dans des archives de notaires : “Les Juifs dans l’Espagne chrétienne avant 1492” (chez Albin Michel, collection “Présences du Judaïsme”). | On éprouve en le lisant la sensation de vivre cette vie médiévale au milieu de nos coreligionnaires agriculteurs ou médecins ( y compris des femmes dans cette dernière profession....), artisans ou collecteurs d’impôts pour le compte des princes, souvent appréciés, parfois tolérés seulement, et constituant jusqu’à 10% de la population dans certaines villes ou bourgades, auto-gérant leurs aljamas sous la protection du prince, auquel ils “appartiennent “. Les massacres de 1391 puis l’expulsion de1492 n’en apparaissent que plus insolites ! Analyse fine et nuancée des relations entre “vieux chrétiens” et “nouveaux chrétiens” au cours du 15ème siècle. Ne manquez pas cette lecture aussi distrayante qu’instructive . Cet ouvrage est en vente au “Point Sépharade” Erensia Sefardi D’Albert de Vidas, à Fairfield, aux USA, le premier numéro de la nouvelle revue qu’il vient de créer, et avec laquelle nous fonctionnerons maintenant en réseau. Il s’agit d’”Erensia Sefardi” publication de type historique rapportant des textes peu connus ainsi que des témoignages personnels relatifs à notre trajectoire sépharade à travers le temps et l’espace. ”La Letttre Sépharade” et “Erensia Sefardi” collaboreront en s’empruntant des textes, en les traduisant et les présentant à leurs lecteurs avec indication de la source. “ES” a déjà repris notre rubrique “recherches familiales” , ce qui démultipliera largement l’audience de ce chapitre convivial. Pour nos lecteurs anglophones désirant correspondre : “Erensia Sefardi” 46 Benson Place, Fairfield,CT 06430 USA mais nous prenons des dispositions pour distribuer nous-mêmes aux lecteurs en France. Istanbul, nostalgie... De Riva Kastoryano, un livre écrit par sa mère Lidya et publié ces jours-ci aux Editions Isis, Semsibey Sok 10, Beylerbeyi 81210 Istanbul : “Quand l’innocence avait un sens”, sous-titré :”chronique d’une famille juive d’Istanbul d’entre les deux guerres.” Il s’agit d’une étude pointilliste sur la bourgeoisie stambouliote de 1931 à 1947, dans laquelle le “non-exprimé” apporte autant que le formellement dit. Celui-ci raconte l’histoire de tous les habitants et amis de l’immeuble Sükraniye, microcosme représentatif du milieu décrit, fillettes à l’école de Notre Dame de Sion, féroce endogamie, méfaits parfois cruels du “Varlik Vergisi”, monde un peu étriqué en voie de disparition3. Tous les Eskenazi, Taranto, Avigdor, Fresco, Barouch, Pensoy, Anavi, Dekalo, Salfati, Sadaka, Farhi, Alfandari, Mizrahi, Barbout, Burla, Danon etc, qui ont un passé familial à Istanbul liront ce livre avec nostalgie et intérêt évident. Gerone Du Centre d’Etudes Catalanes de Paris IV-Sorbonne, dont le président est Charles Leselbaum, le recueil d’actes du colloque qui s’est tenu en Sorbonne les 20 et 21 novembre 1988 sur le thème “Cinq siècles de vie juive à Gérone”. Nombre de nos amis étaient intervenus à ce colloque, dont Béatrice Leroy, Haïm Vidal-Sephiha, Gérard Nahon, Richard Ayoun etc. YOD De Marie-Christine Varol aux Langues’O, le numéro double 33/34 de la revue YOD centré sur “Domaine judéo-espagnol - I Langue et Littérature”( le numéro suivant sera consacré à “Histoire”) en hommage à Haïm Vidal-Sephiha, comportant diverses contributions, souvent savantes, parfois humoristiques, mais agréables à lire, concernant les diverses formes acquises par le judéo-espagnol écrit et parlé en fonction du lieu d’accueil : Rhodes, Salonique, Maroc, etc. Là aussi, diverses signatures d’amis, en dehors des ci-dessus nommés, Shmuel Refael, de Bar-Ilan en Israël, Moshe Shaul, d’Aki Yerushalayim, la revue judéo-espagnole de Kol Israël, Micheline Larès-Yoël de Paris etc. Six siècles de Séphardisme D’Esther Benbassa et Aron Rodrigue, aux Editions La Découverte: “Juifs des Balkans”, sous-titré :”Espaces judéo-ibériques, XIVe-XXe siécles”, en vente au “Point Sépharade” Il s’agit d’une grande synthèse trans-frontières qui envisage l’histoire des Sépharades comme celle d’une civilisation en soi, se frayant une place plus ou moins vaste et confortable parmi les pays d’accueil, mais sans considération marquée des frontières passées ou actuelles : grosso modo la civilisation judéo-espagnole dans l’aire culturelle et administrative ottomane, la décadence simultanée des deux au début du présent siècle, dramatiquement accentuée par la Shoa concernant les judéo-espagnols. Cette approche globale trans-frontières permet une analyse fine des mouvements sionistes en fin du 19ème siècle et au début du présent, qui ont évolué différemment selon qu’ils se constituaient en territoire encore ottoman, ou déjà émancipé (Bulgarie en 1878 Salonique en 1913). De même, cette approche évite une erreur de perspective fréquemment observée , surtout aux USA :”Salonique, ville juive et grecque”. La ville ne fut juive que sous l’empire ottoman. Bien entendu, ce travail ne traite pas des expulsés d’Espagne partis dans d’autres directions que les Balkans : Bayonne, Bordeaux, Rouen, Amsterdam, les Amériques etc. De telle sorte que si l’on associe cet ouvrage à celui coordonné par Henry Méchoulan, paru l’an passé chez Liana Levi: “Les Juifs d’Espagne, histoire d’une diaspora”, l’on tient la bibliothèque de référence pour toute étude présente et ultérieure de notre passé commun. Au moment d’imprimer la présente, nous recevons d’Esther Benbassa, édité au Cerf, l’ouvrage : ”Une diaspora sépharade en transition, Istanbul, 19ème et 20ème siècles.” Il s’agit d’une version largement condensée et entièrement remaniée de sa thèse de doctorat d’Etat soutenue en Sorbonne en juin 1987. Nous y reviendrons dans un prochain. |