La coîncidence fait que nous recevons deux textes quasi en même temps, que
le sens rapproche : The evil eye in the Bible and rabbinic literature, de Rivka Ulmer1,
et Les
superstitions des juifs ottomans, de M. Danon,
ce dernier
exhumé au cours de recherches diverses à la bibliothèque de l’A.I.U. , par Henry Méchoulan.Le premier pose que, de tout temps, la nécessité interne de mettre de l’ordre dans le chaos est essentiel à l’être humain qui a besoin de comprendre le monde dans lequel il vit, et en particulier au rabbin, en charge d’expliquer ce monde aux ouailles. Et le pouvoir de l’œil joue un rôle éminent dans cette clarification face à l’angoisse de l’inconnu. L’auteur examine une à une toutes les allusions à l’œil dans tous les livres de la Bible et dans quelques textes classiques, mystiques et cabbalistiques, chez quelques grands commen-tateurs de la Bible, et même chez Homère et Pline... | Cela nous vaut quelques éclaircissements intéressants sur la façon dont les femmes pures et impures savent user du regard pour attirer les hommes, sur la progression du péché depuis la pensée impure (1er degré) jusqu’au mauvais œil (7ème degré dans l’échelle). Les femmes entre elles ont pu être considérées comme sources de mauvais œil (voir Genèse 16.5 commenté par Rachi...)2. L’auteur examine aussi l’impact du mauvais œil sur l’histoire du peuple juif (Proverbes 18.7). Car le mauvais œil est partout dans les textes bibliques, et l’index est impressionnant en fin d’ouvrage, qui en recense toutes les apparitions ! Mais nous apprenons tout de même que le mauvais œil peut parfois être contrebalancé par le bon œil… Ouf ! Mais même sans cette conclusion rassurante, le second ouvrage, de M. Danon nous proposait, dès la fin du siècle dernier, des amulettes et autres exorcismes fort répandus d’après lui chez les judéo-espagnols de l’empire ottoman, bien utiles à connaître : | Le bois du cerf préserve du mauvais œil et des atteintes de la sorcière. L’ail précautionne (sic) du mauvais œil. La rue (c’est une plante NDLR) préserve surtout du mauvais œil, de la peste et de plusieurs autres maladies. Les aromates guérissent des accès de la sorcière et, en général, préservent du mauvais œil. Vous voyez que nos grands parents ne manquaient pas d’antidotes... Ils disaient tout de même aux gens qu’ils aimaient :
Ce sera notre conclusion, mais ci-dessous en lingua muestra, les dames continuent d’en parler, elles ! .../... |