Maurice Deunailles, né Moïse Lévi en 1912 raconte dans ce texte (La balsa
de las tartugas était le nom du
quartier judéo-espagnol d’Aïdin) son
itinéraire depuis Aïdin où il est né, détruite durant les combats gréco-turcs , vers Smyrne d’abord, puis Paris en 1924, la
terre promise en quelque sorte, puisque tous étaient francophones chez lui, sa
maman ayant enseigné à l’école de l’Alliance. Maurice ne nous entretient pas que des difficultés rencontrées par son groupe familial, mais aussi des raisons de la guerre gréco-turque, des massacres d’Arméniens et de tout l’environnement socio culturel. Sa mère, veuve, a du mal à survivre avec trois enfants, dans un petit logement du 19ème arrondissement de Paris, et l’aide de l’oncle est bien utile à chaque instant lorsque Maurice poursuit ses études ! | La gentillesse, l’humanité du ministre-officiant de la synagogue de Versailles, David Mordoh, qui leur offre son appartement de fonction, améliore leur vie quotidienne. Et les deux frères travaillant, un peu d’argent rentre... Bref, la promotion sociale par le travail... Et c’est la brève guerre, l’exode, la famille se retrouve à Pau, Maurice avec sa trentaine d’années ne passe pas inaperçu et seule la compréhension et l’efficacité de divers non-juifs, en plus d’une chance persistante, lui permettent d’échapper à la déportation. Il travaille de jour, sous un faux nom, et entreprend quelques actions de résistance durant la nuit, avec des copains. Il réussit à tirer son frère aîné du sinistre camp de Gurs. Maurice recense les sept fois où il a échappé à l’arrestation. | La dernière partie, plus banale, - heureu-sement - traite de la réinstallation à Paris après-guerre, du mariage, du travail, de la naissance de Corinne en 1951. J’ai oublié de vous raconter pourquoi Maurice se nomme “Deunailles”. Son refuge durant les années 1942-1944 se situa à Naÿ, dans la banlieue de Pau, et si l’un de ses copains était qualifié de “Maurice de Pau”, lui, pour se distinguer du premier, était “Maurice de Naÿ”, nom qu’il fit légalement entériner après la libération pour éviter d’ ultérieures possibles persécutions à ses futurs enfants. Et pour qu’il ne soit jamais tenté de revendiquer la particule, on lui accepta Deunailles et non Denailles... JC |