Gainsbourg est-il juif ?

Serge Gainsbourg, l’éternel provocateur

Dans le paysage culturel français, difficile de passer à côté de l’icône qu’est Serge Gainsbourg. Auteur-compositeur-interprète, acteur et réalisateur, le natif de Paris s’est inscrit dans l’histoire avec des chansons à la fois sensuelles et provocatrices. Mais qu’en est-il de ses origines ? Plus précisément, l’artiste était-il juif ?

Des racines moldaves

Lucien Ginsburg, qui deviendra plus tard Serge Gainsbourg, naquit en 1928 dans le 4ème arrondissement de Paris dans une famille d’émigrants juifs russes. Son père, Joseph Ginsburg, était un ténor amateur arrivé des confins de la Bessarabie, à l’époque appartenant à la Russie et aujourd’hui une partie de la Moldavie. Sa mère, Olga Bessman, également juive, était une pianiste originaire de Moscou.

La famille Ginsburg a donc très clairement des origines juives, et ce patrimoine joua un rôle majeur dans la vie de Serge Gainsbourg. Pendant la Seconde Guerre mondiale, les Ginsburg, en tant que juifs, furent contraints de voler de refuge en refuge pour échapper à la persécution nazie.

Le poids de l’histoire

Dans sa musique et sa vie personnelle, l’héritage juif de Gainsbourg était toujours présent, bien que souvent complexe. L’album « Rock Around the Bunker » de 1975 est une illustration de cette relation ambivalente. Basé sur le thème de l’Allemagne nazie, l’album est une provocation audacieuse qui démontre la volonté de Gainsbourg de se confronter à l’horreur de la guerre et de l’Holocauste.

S’il a souvent flirté avec une imagerie antisémite, comme dans la chanson « Nazi Rock », c’était dans le but provocateur de dénoncer l’absurdité et la cruauté de l’idéologie nazie. Pour Gainsbourg, être juif n’était pas seulement une question de religion ou de culture, c’était aussi quelque chose d’ancré dans sa chair et dans son histoire.

Provocateur mais attaché à ses origines

Fervent provocateur, il n’hésitait pas non plus à jouer avec les stéréotypes attachés à la figure du juif, comme dans son album « L’homme à tête de chou », où il se décrit comme « mi-jus mi-raifort ».

Malgré ses provocations, Gainsbourg s’est toujours réclamé de ses origines, revendiquant ouvertement son héritage juif. Dans une interview de 1984, il déclarait ainsi « Je suis né juif, je resterai juif ». Il mélangeait régulièrement yiddish et français dans ses chansons, et ne manquait pas une occasion de clamer son appartenance.

Jusqu’à la conversion de ses filles

Dans un ultime acte de provocation, c’est en convertissant ses filles, Charlotte et Lou, à l’orthodoxie juive qu’il scella son attachement à ses racines. Une décision qui a été diversement appréciée par la communauté juive française et qui prouve, s’il en était encore besoin, que Serge Gainsbourg n’a jamais souhaité prendre ses distances avec son héritage juif.

Ainsi, si Serge Gainsbourg était avant tout un provocateur et un artiste dévoué à son art, son identité juive représentait un élément indéniable et omniprésent de sa personnalité.

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