Lorsque Donald Trump a fait campagne pour la présidence en 2016, il s’est engagé à négocier « l’accord ultime » pour résoudre le conflit israélo-palestinien.
Cette promesse n’est toujours pas tenue.
Le premier mandat de Trump a été marqué par une série de mesures pro-israéliennes audacieuses, notamment le transfert de l'ambassade américaine à Jérusalem et la reconnaissance de la souveraineté israélienne sur le plateau du Golan. Son ambitieux plan de paix pour 2020 s’est toutefois arrêté dans un contexte d’impasse politique israélienne, de rejet par les dirigeants palestiniens et d’orientation vers la conclusion d’accords de normalisation avec les États du Golfe.
Lors de l’élection présidentielle de cette année, Trump a renouvelé son engagement à instaurer la paix au Moyen-Orient, promettant de mettre fin aux guerres en cours à Gaza et au Liban tout en isolant davantage l’Iran. Sa politique pour un second mandat reste vague et la formation d’un cabinet résolument pro-israélien suggère une continuité.
Le représentant Mike Waltz, le nouveau conseiller à la sécurité nationale de Trump, a déclaré dimanche dans une interview accordée à Fox News que « le moment est venu d'élaborer un type d'arrangement » qui « apporte véritablement la stabilité au Moyen-Orient ». Karoline Leavitt, la nouvelle attachée de presse de Trump à la Maison Blanche, a déclaré à Axios que Trump serait « le négociateur en chef de l'Amérique » pour résoudre la crise des otages.
Le précédent plan « de la paix à la prospérité » de Trump pourrait-il fournir un modèle pour un cadre d'après-guerre dans le paysage d'aujourd'hui profondément modifié ?
Éléments clés du plan Trump pour 2020
Le plan 2020 de Trump, conçu sous l’administration précédente du Premier ministre Benjamin Netanyahu, était une proposition de paix détaillée que le gouvernement israélien de droite et ses partisans se sont empressés d’adopter, mais il incluait également des engagements de soutien de longue date des États-Unis à un État palestinien.
Pour Israël, le plan préservait la stabilité des colonies au-delà des lignes tracées en 1967, n’exigeant aucun déracinement des Israéliens de leurs foyers. Il reconnaissait la souveraineté israélienne sur environ 30 % de la Cisjordanie occupée, y compris les principaux blocs de colonies, Jérusalem-Est et la vallée du Jourdain.
Pour les Palestiniens, le plan prévoyait la création d’un État démilitarisé sur un territoire élargi comparable en taille à la Cisjordanie et à Gaza. Cela dépendait du désarmement du Hamas et de la fin des versements de l'Autorité palestinienne aux familles des terroristes emprisonnés.
Comment les quatre dernières années ont impacté ce qui est possible
Après que Netanyahu ait laissé entendre que le plan de paix était un feu vert pour annexer les colonies israéliennes en Cisjordanie, Trump s’est tourné vers la négociation d’accords de normalisation avec les Émirats arabes unis et trois autres pays arabes au cours des derniers mois de sa première administration. Ces accords, connus sous le nom d'Accords d'Abraham, étaient largement perçus comme un moyen de contourner les dirigeants palestiniens et de remodeler le paysage diplomatique de la région.
L’administration Biden a fait plusieurs tentatives secrètes pour construire sur cette base, selon un livre du journaliste israélien Barak Ravid. L’année dernière, elle a intensifié ses efforts pour négocier un accord historique avec l’Arabie saoudite.
Les attaques du Hamas contre Israël le 7 octobre ont perturbé ces efforts, alors que la guerre à Gaza et l’escalade des tensions avec le Hezbollah ont relancé le conflit. Le scepticisme à l’égard des concessions s’est accru des deux côtés, le soutien israélien à un État palestinien en forte baisse et les Palestiniens sceptiques quant à une éventuelle avancée sous Trump. La réticence de Netanyahu à dialoguer avec les États-Unis sur la gouvernance d'après-guerre de Gaza a encore retardé les efforts visant à se remettre sur les rails.
Néanmoins, les perspectives d’une percée diplomatique ont réapparu après que le président Biden a exposé sa vision d’un cessez-le-feu à Gaza en mai, ce qui pourrait ouvrir la voie à l’extension des accords d’Abraham vers un accord plus large avec l’Arabie saoudite.
De nombreux experts du Moyen-Orient considèrent un accord de paix avec les Palestiniens – ou au moins la reconnaissance formelle d’un État palestinien indépendant – comme une condition cruciale pour que l’Arabie saoudite normalise ses relations avec Israël.
Comment les choix de Trump pourraient aider ou nuire au plan
Les choix de Trump en matière de sécurité nationale sont de fervents partisans d’Israël, dont certains ont nié l’existence du peuple palestinien et soutiennent l’annexion de la Cisjordanie occupée. Cette position dure pourrait compliquer les efforts visant à répondre aux demandes palestiniennes lors de futures négociations.
Dans le même temps, Trump s’est entouré d’investisseurs de hedge funds, dont certains entretiennent des relations financières avec des acteurs clés de la région. Cela offre des possibilités potentielles d’engagement diplomatique. Le nouvel envoyé de Trump au Moyen-Orient, Steve Witkoff, apporte un style de négociation immobilière qui s'aligne sur l'approche de Trump en matière de conclusion d'accords.
Netanyahu sera-t-il de la partie ?
Netanyahu se trouve dans une position politique très différente de celle d’il y a quatre ans et est confronté à un délicat exercice d’équilibre. Bien qu'impatient de finaliser la normalisation avec l'Arabie saoudite, qu'il considère comme le couronnement de son mandat de Premier ministre israélien le plus ancien, il s'est montré peu enclin à reconnaître un État palestinien. Ses vulnérabilités politiques actuelles et sa dépendance à l’égard de partenaires de coalition d’extrême droite qui s’opposent fermement à toute concession aux Palestiniens compliquent la voie à suivre.
Cependant, l’alignement de Trump sur Israël et sa popularité auprès du public israélien pourraient fournir le levier nécessaire pour pousser Netanyahu vers un compromis. Et le soutien de Trump pourrait donner à Netanyahu la couverture politique nécessaire pour surmonter la résistance au sein de sa coalition et finaliser un accord avec l’Arabie saoudite.
En janvier 2020, lorsque Netanyahu est venu à Washington pour présenter le plan de paix de Trump, il aurait dit à Kushner qu'il « vivrait avec » la proposition. « Vous ne vivrez pas avec ça. Vous prospérerez avec cela », lui a dit Kushner. Ce sentiment pourrait façonner l’approche de Netanyahu à mesure que les négociations régionales se dérouleront.