Une quête de l’origine du pastrami : de l’Europe de l’Est à New York
C’est une véritable énigme culinaire. Le pastrami, ce mélange savoureux de viande fumée à l’ail et aux épices, trône fièrement sur les menus des brasseries de New York à Los Angeles. La question demeure : le pastrami est-il juif ? Un début de réponse nous emmène d’abord en Europe de l’Est.
Dans le brouillard des siècles précédents, une piste solide émerge : celle du pastirma. En roumain, pastirma désigne en effet une viande de bœuf séchée et pressée, frottée d’épices. Le pastirma était facile à stocker et savoureux. Les Roumains, ainsi que les Turcs et d’autres peuples de l’Europe de l’Est, consommaient ce produit de longue conservation bien avant l’époque de la réfrigération.
La Marine juive des saveurs épicées
Mais comment cette spécialité de l’Europe de l’Est a-t-elle fait son chemin jusqu’aux rues animées de New York ? Pour cela, on doit un merci massif à l’immigration juive d’Europe de l’Est vers les États-Unis à la fin des années 1800. Les familles juives apportaient avec elles leurs traditions culinaires, et parmi elles, le pastrami.
Déjà rencontré sous une forme précoce en Roumanie et en Turquie, le pastrami a commencé à refléter les influences juives une fois qu’il a traversé l’Atlantique. Avec l’adoption de nouvelles habitudes alimentaires liées aux lois alimentaires juives, ou cacheroute, le bœuf est devenu l’option préférée pour la fabrication du pastrami, remplaçant généralement la viande de porc ou de mouton utilisée dans le pastirma.
Le pastrami s’installe dans la Grosse Pomme
Le pastrami semble avoir fait son apparition en Amérique aux alentours des années 1880, et il a rapidement été adopté par les cuisiniers juifs. Les charcuteries, qui constituaient le réseau social et culturel vital des communautés juives d’Europe de l’Est nouvellement installées à New York, ont commencé à servir du pastrami comme alternative kasher aux saucisses et autres produits à base de porc servis dans les brasseries traditionnelles allemandes.
Un héritage culturel dans chaque bouchée
Aujourd’hui, le pastrami est un incontournable des brasseries juives, tout comme des établissements non juifs. Il est devenu célèbre pour son mélange savoureux d’ail, de sel, de sucre, de coriandre, de poivre noir et de fumée. Sur du seigle, avec de la moutarde, il réunit désormais les palettes de tous les horizons.
Alors, le pastrami est-il juif ? Techniquement, il serait plus précis de dire qu’il est d’origine roumaine ou turque. Mais pratiquement, émotionnellement et symboliquement, le pastrami est devenu profondément enraciné dans la culture juive américaine. Les saveurs que nous associons au pastrami aujourd’hui sont le fruit de l’histoire juive, de l’ingéniosité culinaire et de l’immigration. C’est une histoire délicieuse à savourer, une tranche à la fois.