Manifestations et action politique en France après le viol antisémite présumé d'une jeune fille juive de 12 ans

(JTA) — Un incident choquant au cours duquel deux adolescents ont été accusés du viol d'une jeune fille juive de 12 ans dans une banlieue parisienne a déclenché une prise de conscience dans toute la France, avec des groupes juifs descendus dans la rue pour protester contre la montée de l'antisémitisme. et le président Emmanuel Macron fait pression pour lutter contre l’antisémitisme dans les écoles.

Macron aurait condamné le « fléau de l’antisémitisme » et chargé sa ministre de l’Éducation, Nicole Belloubet, de mettre en place une éducation à l’antisémitisme dans les écoles françaises lors d’une réunion gouvernementale mercredi, a déclaré une source à l’Agence France-Presse.

« L'horreur n'a pas de limites. Viol, antisémitisme : tout est abominable dans ce crime commis à Courbevoie contre une jeune fille de 12 ans », a tweeté mercredi Belloubet. Elle a ajouté : « Justice, École, République : une seule réponse contre la barbarie ».

Deux garçons de 13 ans ont été inculpés mardi pour plusieurs chefs d'accusation, notamment de viol ainsi qu'en raison de l'appartenance religieuse de la victime en lien avec l'incident survenu samedi soir. Un troisième garçon, âgé de 12 ans, a été accusé d'infractions liées au fait d'avoir été témoin du crime présumé.

Le journal français Le Monde a qualifié le rapport de police, qui comprenait le témoignage de la jeune fille et des enquêteurs, d'« insupportable » dans ses détails.

Deux des adolescents accusés d'avoir participé ont admis avoir été motivés par l'identité de la victime, selon le rapport, l'un d'entre eux disant qu'il était en colère parce qu'elle lui avait caché sa religion et un autre disant qu'il était mécontent de ses commentaires sur la Palestine. (Les rapports ne précisent pas les détails de ces commentaires.) L’un des garçons l’a qualifiée de « sale juive », selon plusieurs rapports sur l’incident.

L'incident a suscité des récriminations de la part de personnes à travers la France et au-delà qui affirment qu'il reflète de profonds problèmes dans la société française. « Nous avons l’impression que la société française s’est résignée à l’antisémitisme », a déclaré jeudi à la télévision Yonathan Arfi, président du CRIF, une organisation faîtière des institutions juives françaises.

Ces dernières années, les Juifs français ont été victimes de plusieurs actes d'antisémitisme très médiatisés et les dirigeants communautaires ont déploré le sentiment d'insécurité croissante dans le pays, qui compte l'une des plus grandes populations juives d'Europe. Le CRIF, comme ses homologues dans d'autres pays, a signalé une augmentation des incidents antisémites signalés à la suite de l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre et au milieu de la guerre entre Israël et le Hamas qui a suivi.

Haïm Korsia, le grand rabbin de France, a tweeté qu'il était « horrifié » par ce viol présumé. « La justice doit sanctionner fermement les auteurs de cet acte ignoble », a écrit Korsia.

L’incident survient alors que la politique française est en ébullition après que Macron, un centriste, a appelé à des élections suite à la forte performance des partis d’extrême droite aux élections européennes du début du mois. Cette dynamique a abouti à une adhésion sans précédent du parti conservateur traditionnel à un parti d’extrême droite, le Rassemblement national, fondé par un négationniste reconnu coupable de l’Holocauste, ce qui a conduit certains Juifs français à exprimer leurs craintes.

Cette semaine, le Rassemblement national a retiré son soutien à un candidat local qui a déclaré dans un tweet de 2018 désormais supprimé que « le gaz a rendu justice aux victimes de l’Holocauste ».

Et Marine Le Pen, la leader du Rassemblement National, s'est jointe aux hommes politiques de tout le spectre politique pour dénoncer le viol – et pointer du doigt la cause.

« L'attentat antisémite et le viol d'une enfant de 12 ans dans les Hauts-de-Seine nous révoltent », a tweeté Le Pen. « L’explosion des actes antisémites, en hausse de 300 % par rapport aux trois premiers mois de 2023, doit alerter tous les Français : la stigmatisation des Juifs depuis des mois par l’extrême gauche à travers l’instrumentalisation du conflit israélo-palestinien est une réelle menace pour la société civile. paix. Tout le monde devrait en être pleinement conscient les 30 juin et 7 juillet », lorsque seront programmées les élections.

Jean-Luc Mélechon, qui dirige le parti d'extrême gauche La France Insoumise, a également dénoncé l'attaque présumée, affirmant qu'il espérait qu'elle ne deviendrait pas un « spectacle médiatique » pendant la période électorale. Son parti a été accusé d’alimenter l’antisémitisme dans son opposition agressive à la guerre entre Israël et le Hamas.

« Horrifié par ce viol à Courbevoie et tout ce qu'il met en lumière quant au conditionnement des comportements criminels masculins dès le plus jeune âge et au racisme antisémite », a tweeté Mélenchon.

Des dirigeants du parti de Macron ont également pris pour cible Mélenchon dans leurs commentaires publics.

« Face à une telle tragédie… bien sûr, j’imagine que tous les grands hommes politiques la condamnent, y compris Jean-Luc Mélenchon », a déclaré jeudi le Premier ministre Gabriel Attal, d’origine juive, lors d’une conférence de presse, selon Politico. «Mais ce que je veux dire aussi, c'est que depuis le 7 octobre, on a vu se développer et se libérer une forme d'antisémitisme débridé. Et je pense que les dirigeants politiques et les partis politiques ont la responsabilité d’ériger des barrières, d’empêcher qu’un certain nombre de discours ne deviennent monnaie courante.»

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