Un nouveau cours proposé par le Dr. Jérémy Fogel à l’Efi Arazi School of Computer Science présente de nouvelles perspectives sur les problèmes que les étudiants en informatique de l’Université Reichman traiteront dans leur carrière. Selon le Dr Fogel, maître de conférences en philosophie juive, « le rôle d’un établissement d’enseignement n’est pas seulement de transmettre des informations, mais aussi de cultiver et d’encourager le développement d’une pensée éthique parmi ses étudiants et de leur donner l’espace pour le faire ».
Les étudiants sont invités à discuter des problèmes moraux qui ont surgi à la suite de la révolution numérique, en utilisant les points de vue de grands philosophes tels que Platon, Socrate, Jean-Jacques Rousseau, etc. Le Dr Fogel croit que l’analyse des développements numériques actuels à travers les yeux de ces philosophes pourrait donner aux élèves quelques idées sur ces développements. Étant donné que la réalité change constamment avec de nouvelles initiatives et inventions, il est devenu très difficile d’explorer leurs résultats éthiques.
Alors, que signifie l’éthique à l’ère numérique ? Quels enjeux moraux découlent de tous les développements de l’ère numérique ?
L’allégorie de la caverne de Platon, par exemple, est un excellent moyen d’explorer certains aspects éthiques des processus actuels de numérisation. Selon Platon, les prisonniers de la grotte sont confrontés à un monde sombre d’illusions. La philosophie mène hors de la caverne, vers un monde de vérité. Il est important de noter que pour Platon, il valait évidemment la peine d’essayer de s’échapper de la grotte sombre pour le plein air ensoleillé. En d’autres termes, il était évident que la vérité a de la valeur. Contrairement à cela, nous créons actuellement un monde parallèle, une réalité virtuelle, et choisissons de plus en plus de vivre dans cette grotte. Partageons-nous encore l’hypothèse de Platon selon laquelle il vaut mieux sortir de la caverne ? La vérité a-t-elle encore une valeur intrinsèque à l’ère numérique ? Quelles sont les forces intellectuelles ou spirituelles – s’il y en a – qui pourraient résister à une plongée dans un monde virtuel ? Un tel plongeon serait-il forcément une mauvaise chose ?
La pensée de Jean-Jacques Rousseau sur « l’amour-propre » est également un excellent exemple de la façon dont les connaissances de la philosophie peuvent nous permettre de mieux réfléchir sur la façon dont la révolution numérique a influencé notre façon de penser ou de nous comporter. Rousseau caractérise l’amour-propre comme une forme d’estime de soi qui ne peut être atteinte qu’en gagnant l’approbation des autres. Rousseau pensait que cette forme d’auto-évaluation, par opposition à «l’amour de soi», qui est une forme saine d’amour-propre, est corrompante et dangereuse. De retour à l’ère numérique, il semble que nous soyons continuellement encouragés à aimer-propre : nous téléchargeons des photos et écrivons des messages sur les réseaux sociaux en espérant recevoir une sorte de réponse de nos amis, que ce soit des goûts, des amours, des soucis, etc. Quel effet cet élan extrême vers l’amour-propre aura-t-il sur les générations futures ? Comment pouvons-nous encore encourager des formes saines d’amour de soi ?
Et comment cela affecte-t-il nos étudiants ?
Le Dr Fogel explique qu’il y a une composante éthique dans chaque action que nous entreprenons dans notre vie, comme ce que nous mangeons, où nous travaillons, etc. Lorsque nos étudiants développeront leur nouvelle application ou logiciel, ils devront se demander : les problèmes moraux et éthiques qui pourraient survenir en utilisant cela ? » Le Dr Fogel déclare également que « les étudiants que j’ai rencontrés veulent rendre le monde meilleur. Je ne leur apprends rien de nouveau ; ils ont déjà ces questions éthiques en tête. Je leur donne juste les outils et l’inspiration pour essayer d’y répondre.
Selon lui, notre génération est celle qui façonnera la révolution numérique, et la manière dont nous la façonnerons aura un impact profond sur l’avenir du développement humain. Les étudiants en informatique, qui développeront des technologies qui pèsent sur notre quotidien, ont de nombreux défis éthiques à relever. « Mon souhait », dit le Dr Fogel, « est que lorsqu’ils arriveront au carrefour des décisions éthiques, ils auront la conscience des implications morales et des possibilités que la philosophie leur offre. »
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