L’injection de théologie dans le conflit immobilier israélo-palestinien s’est rarement révélée utile, en particulier dans les cas où une partie cherche à revendiquer toutes les terres aux dépens de l’autre.
Le nouveau document ridiculement régressif de l’Église d’Écosse, « L’héritage d’Abraham ? : Un rapport sur la « Terre Promise », qui déforme volontairement puis rejette les revendications juives à un État en Palestine, est tout aussi malvenu.
Sa prémisse est que le sionisme n’est pas une idéologie nationale mais religieuse, fondée sur des revendications bibliques spécifiques et inconditionnelles sur la Terre d’Israël. La position du sionisme est que « Dieu promet la terre aux Israélites sans condition », dit-il, ajoutant que « les sionistes pensent que le peuple juif sert le dessein spécial de Dieu ». En tant que tel, « les chrétiens ne devraient pas soutenir le droit divin exclusif ou même privilégié » sur un territoire. « Si Jésus est en effet le Oui à toutes les promesses de Dieu, la promesse faite à Abraham concernant la terre s’accomplit grâce à l’impact de Jésus, et non par la restauration de la terre au peuple juif. »
Quand il ne promeut pas le supersessionisme – la notion que la vérité du Nouveau Testament rend sans pertinence les affirmations de l’Ancien – c’est à la limite de l’antisémitisme.
« Il faut reconnaître que l’énormité de l’Holocauste a souvent renforcé la croyance qu’Israël a un droit inconditionnel à la terre », déclare-t-il, mais « les chrétiens ne doivent pas sacrifier la dimension universaliste et inclusive du christianisme et revenir à l’exclusivisme particulier de la foi juive parce que nous nous sentons coupables de l’Holocauste ».
Au contraire, « le peuple juif doit se repentir du nettoyage ethnique des Palestiniens entre 1947 et 1949. Il doit également être mis au défi d’arrêter de se considérer comme des victimes et des particuliers ».
Ce document a notamment été bien accueilli par la Scottish Palestine Solidarity Campaign. Mick Napier, le président de la campagne, a dirigé le Forward vers un article dans lequel il affirme que « The Inheritance of Abraham? » conclut « ce que toute personne sensée a déjà décidé – que les Bibles chrétiennes ou juives ne doivent pas (plus) être traitées comme des titres de propriété sur des biens immobiliers modernes et que la violation par Israël des droits de l’homme des Palestiniens est en effet très grave ».
Il est vrai que l’Écosse a traditionnellement eu une culture politique plus radicale que le reste du Royaume-Uni, et que dans le passé, l’ambassadeur d’Israël au Royaume-Uni, Daniel Taub, a exprimé son inquiétude face aux « éléments d’extrême hostilité envers Israël dans certaines parties de la société écossaise ». Mais s’adressant au Forward, Hannah Holtschneider, maître de conférences en études juives à l’Université d’Édimbourg, a indiqué que le document ne reflète pas tant l’opinion publique en Écosse, mais un sous-ensemble au sein de l’Église d’Écosse qui souhaite « changer la compréhension que l’Église a du peuple juif » et sa position sur le conflit israélo-palestinien.
Au sein de l’Église d’Écosse, une faction importante en est venue à s’identifier au sort des chrétiens palestiniens, à la fois ceux qui vivent en Israël et sous occupation en Cisjordanie.
Cela s’est maintenant manifesté à travers ce document, dont l’intention est le changement par l’Église d’Écosse de l’identification avec la théologie juive et vers la cause palestinienne en tant que question politique et question œcuménique. Le fait que ce document ait été publié aujourd’hui est la conséquence d’une évolution sur plusieurs années sur ces questions et d’une volonté de la part des auteurs – le Conseil Église et Société de l’Église d’Écosse – de faire adopter ses conclusions par l’Assemblée générale de l’Église, qui se réunira plus tard en mai.
Holtschneider estime que ce document est un pas en arrière pour l’Église d’Écosse, qui « cherche à remettre en question l’évolution des relations judéo-chrétiennes au cours des 30 dernières années ». C’est un « document problématique », qui « confond les problèmes » et appelle à une « réévaluation radicale » non seulement de la position de l’Église sur Israël, mais aussi de la compréhension chrétienne de l’Ancien Testament.
En effet, « L’héritage d’Abraham ? est un document inhabituellement illettré. Il est basé sur une fausse prémisse que le sionisme est un mouvement purement religieux, ignorant qu’à ses origines, l’informatique était un mouvement laïc et national qui visait à résoudre enfin le problème de l’antisémitisme. « L’héritage d’Abraham ? » affiche une compréhension très bon marché et étroite de l’histoire juive et israélienne, et présente une caricature du conflit dans son analyse limitée de celui-ci, une qui considère Israël comme le seul acteur dans la région, comme si le peuple palestinien n’avait lui-même aucune agence. Et ce faisant, il se fait une prétention très large et triomphaliste que les revendications juives sur tout ou partie de la Terre d’Israël sont rendues invalides par les enseignements de Jésus de Nazareth.
Le Conseil écossais des communautés juives est largement d’accord avec une telle évaluation. Dans une déclaration, SCoJeC a étiqueté « L’héritage d’Abraham? » un « outrage à tout ce que représente le dialogue interreligieux. Cela ressemble à une polémique de l’époque de l’Inquisition contre les Juifs et le judaïsme. Il est biaisé, faible sur les sources et contradictoire. L’image qu’il brosse à la fois du judaïsme et d’Israël est à peine caricaturale. L’arrogance de dire au peuple juif comment interpréter les textes juifs et la théologie juive est à couper le souffle.
Afin de réparer les dommages que le document a déjà causés, le Conseil des députés des Juifs britanniques, comprenant des représentants des congrégations orthodoxes et réformées, a rencontré hier les dirigeants de l’Église d’Écosse. La déclaration publiée conjointement par l’Église et le Conseil a noté que le rapport original « a suscité des inquiétudes et une incompréhension de sa position et nécessite une nouvelle introduction pour définir le contexte du rapport et clarifier certains des termes utilisés ».
« L’héritage d’Abraham » sera donc remanié avant d’être déposé à l’Assemblée générale plus tard ce mois-ci. Que le Kirk souhaite vraiment guérir sa relation et poursuivre son dialogue avec les Juifs d’Ecosse, ou ramener le temps du dialogue interreligieux à une ère de suprématie chrétienne, sera alors d’autant plus clair.