Le nouvel accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas promet d'apporter un soulagement indispensable à la région après 15 mois de conflit brutal. Mais une série d’incertitudes continue de planer.
De nombreuses questions cruciales restent sans réponse, et leur résolution déterminera si ce cessez-le-feu constitue une véritable étape vers une paix durable ou simplement un sursis temporaire. En voici cinq parmi les plus urgents.
1) Israël mettra-t-il réellement fin à la guerre en échange d’otages ?
La première phase de l’accord impliquera la libération de 33 otages et la cessation des combats à Gaza, parallèlement à un retrait partiel de Tsahal. Mais ce qui se passera par la suite reste quelque peu flou, car les médiateurs ont déployé la stratégie éprouvée de l’ambiguïté constructive.
Comment? Au cours de cette première étape de six semaines, les négociateurs ont effectivement convenu d'entreprendre de nouvelles négociations pour régler les termes des deuxième et troisième étapes, y compris la libération de tous les otages restants, vivants et morts.
Ce plan repose sur l’espoir qu’une fois tous les otages libérés, la guerre sera terminée. Mais Israël respectera-t-il réellement cette règle ? Agir ainsi serait en contradiction avec les assurances répétées du Premier ministre Benjamin Netanyahu, depuis le début de la guerre, selon lesquelles le Hamas ne resterait pas au pouvoir à Gaza.
Compte tenu du manque actuel de clarté sur les étapes finales de l’accord, il existe une possibilité réelle que l’une ou l’autre des parties se retire sous couvert de termes non résolus.
2) Le gouvernement israélien peut-il survivre si l'extrême droite se rebelle ?
La coalition de Netanyahu bénéficie d'une courte majorité de 68 sièges à la Knesset, après que quatre anciens membres de l'opposition l'ont rejoint en échange de postes gouvernementaux il y a deux mois. Les factions d'extrême droite d'Itamar Ben-Gvir et de Bezalel Smotrich – tous deux actuellement membres du cabinet de Netanyahu – détiennent collectivement 14 sièges et expriment clairement leur opposition à tout règlement qui impliquerait qu'Israël quitte Gaza.
Au lieu de cela, ils veulent une occupation permanente de la bande de Gaza et de nouvelles colonies juives. Ils ont juré de s’opposer à l’accord, et ils le feront certainement. La grande question est de savoir s’ils voteront simplement contre la signature de l’accord, ou s’ils iront jusqu’à faire tomber le gouvernement en se retirant de la coalition de Netanyahu, le laissant sans majorité.
La ligne dure de l’extrême droite pourrait la pousser à des mesures extrêmes. Il y a des raisons de soupçonner qu’ils bluffent, la principale étant que tous les sondages montrent que leurs partis subiraient de lourdes pertes lors d’une nouvelle élection, ce qui signifie que leur meilleur espoir de conserver le pouvoir est de rester aux côtés de Netanyahu. Et pourtant, une réaction violente de la part de ces partisans de la ligne dure pourrait déclencher une crise politique.
3) L'opposition modérée aidera-t-elle le gouvernement de Netanyahu ?
Si les factions d’extrême droite choisissent de quitter le gouvernement, la question se pose : l’opposition modérée – qui soutient sans réserve la fin de la guerre – interviendra-t-elle pour aider Netanyahu ?
L’opposition n’a jamais réussi à présenter un défi efficace à Netanyahu, malgré les échecs évidents de son gouvernement, notamment la gestion désastreuse de l’attentat du 7 octobre et les efforts extrêmement impopulaires de réforme judiciaire. Certains Israéliens – y compris les partisans de l’opposition – diront qu’ils devraient donner à Netanyahu un filet de sécurité parlementaire pour garantir l’accord.
Cela signifierait que l’opposition s’engage à ne pas tenter de faire tomber la coalition pendant une période donnée, même si Netanyahu perd sa majorité avec le départ de l’extrême droite. Feraient-ils cela ? Ce n’est pas inconcevable – principalement parce que l’accord de cessez-le-feu serait très populaire.
4) Existe-t-il encore un moyen de chasser le Hamas de Gaza ?
L’un des échecs les plus flagrants de la stratégie de Netanyahu est la domination continue du Hamas à Gaza. Netanyahu, tout en insistant – jusqu'à présent – sur la nécessité de détruire le groupe, s'est étonnamment abstenu de prendre des mesures sérieuses pour organiser un gouvernement alternatif pour Gaza. Au lieu de cela, son gouvernement s’est concentré sur la calomnie de l’Autorité palestinienne basée en Cisjordanie, qui, malgré ses défauts, représente peut-être l’alternative actuelle la plus réaliste au Hamas.
Ce faisant, Netanyahu a gâché une rare opportunité de favoriser une structure de gouvernance post-Hamas efficace à Gaza. On s’attendait à ce qu’Israël accepte de permettre à l’Autorité palestinienne de se rétablir à Gaza, dont elle a été violemment expulsée par le Hamas en 2007. Mais au cours de la guerre, Israël a bloqué une telle issue avec détermination.
Désormais, le nouvel accord est vague sur la future gouvernance de Gaza ; Le Hamas restera au pouvoir pour l’instant, mais l’avenir à long terme reste incertain.
Les implications de ce fait en Israël restent incertaines. Netanyahu a historiquement bénéficié politiquement de l’existence du Hamas, dont le terrorisme et la fervente opposition au compromis ont contribué à déplacer les électeurs israéliens vers la droite en semblant confirmer son discours selon lequel la paix avec les Palestiniens est impossible. Le discours des semaines à venir en Israël permettra de déterminer si Netanyahu s'en tient à cette attitude envers l'ennemi juré d'Israël, ou si elle devient politiquement intenable pour lui au niveau national. Netanyahu approche peut-être du point de savoir si l’opinion publique israélienne pourrait se retourner contre lui de manière décisive s’il devenait clair qu’il est la raison pour laquelle le Hamas est toujours là.
5) Trump a-t-il fait des promesses à Israël ?
Enfin, il y a la question de savoir si Trump, dans ses relations avec Netanyahu, a offert quelque chose à Israël en échange de son acceptation de cet accord.
Bien que le cadre d’un accord de cessez-le-feu pour les otages soit sur la table depuis des mois, il semble que Trump, avant même de prendre ses fonctions, ait joué un rôle clé en persuadant Netanyahu d’aller de l’avant avec cet accord. (Son envoyé au Moyen-Orient était en Israël ces derniers jours pour avoir des conversations avec le Premier ministre qui ont été décrites dans les fuites médiatiques comme très difficiles). Trump aurait-il pu promettre à Israël une plus grande liberté dans l’expansion des colonies en Cisjordanie – ou peut-être un accord de normalisation avec l’Arabie saoudite en échange du cessez-le-feu ?
Ces possibilités, bien qu’actuellement entièrement spéculatives, sont essentielles à la compréhension du contexte géopolitique plus large entourant cet accord. Si Netanyahu obtenait des concessions significatives de la part de Trump, cela pourrait modifier l’équilibre de l’accord et les perspectives de paix à long terme.
Dans les prochains jours, cet accord tant attendu suscitera une liesse en Israël et à Gaza. Mais les prochaines semaines de négociations seront cruciales pour déterminer si ce cessez-le-feu fragile peut évoluer vers une paix durable – ou s’il ne s’agira que d’un autre moment éphémère dans le cycle sans fin du conflit.