Albert Einstein : l’homme, le scientifique, le Juif ?
Imaginez qu’au début du 20ème siècle, un homme aux cheveux ébouriffés et au regard perçant formule une théorie qui bouleverserait notre compréhension de l’univers. Cet homme, Albert Einstein, est un personnage à plusieurs facettes – physicien, penseur, humaniste et, très souvent, objet de débats concernant ses racines juives.
Le berceau d’Einstein : entre tradition judaïque et émerveillement scientifique
Einstein naît le 14 mars 1879 à Ulm, dans le Royaume de Wurtemberg (actuelle Allemagne), dans une famille juive modérément observante. Ses parents, Herman et Pauline Einstein, sont des juifs d’Europe centrale qui, malgré une certaine religiosité, ne transmettent pas à Albert une éducation strictement religieuse. Sa première rencontre avec les sciences, un compas offert par son père à l’âge de cinq ans, éveille en lui plus de questionnement et d’émerveillement que les leçons de religion hébraïque.
Un rapport complexe à la religion
Albert Einstein développait donc un rapport compliqué à la religion de son enfance. Il la critiquait ouvertement, allant jusqu’à se dire « agnostique ». Cependant, en grandissant, Einstein développa une conception d’un univers régi par des principes universels d’harmonie et de beauté, qu’il qualifiait de « religion cosmique ». Il concevait Dieu non pas comme une entité anthropomorphique, mais comme une incarnation de ces principes.
Juif aux yeux du monde, juif malgré lui
En dépit de sa relation ambivalente avec la tradition juive, la figure d’Einstein est irremédiablement associée à la judéité. La montée de l’antisémitisme en Europe, la Seconde Guerre mondiale et la persécution nazie ont fait d’Einstein, en dépit de lui-même, un symbole du peuple juif. Lui qui a émigré aux États-Unis pour échapper à la furie nazie, a toujours exprimé une grande empathie et solidarité envers ses compatriotes juifs.
Engagement pour la cause juive
Alors qu’Einstein n’était pas un juif pratiquant et critiquait les aspects dogmatiques de la religion, il s’est impliqué dans des activités liées à la communauté juive. Il a joué un rôle important dans la création de l’Université hébraïque de Jérusalem, dont il a été l’un des fondateurs. L’idée d’une université juive, ouverte sur le monde et dédiée à la recherche et à l’innovation, semblait s’aligner avec les valeurs qu’Einstein respectait.
Un héritage multifacette
Aujourd’hui, Einstein demeure l’une des figures emblématiques de la physique moderne. Mais au-delà du scientifique de renom, c’est un homme aux multiples facettes qui se dévoile : un esprit libre, critique envers la religion organisée, mais fermement engagé envers l’humanité et en particulier envers son peuple d’origine. Einstein était-il donc juif ? La réponse dépend du prisme par lequel on l’observe : celui de la religion, de l’ethnie, de la culture ou de la solidarité ethnique. En tous cas, il apparaît clairement qu’Einstein, tout en remettant en question la religion et ses dogmes, n’a jamais renié ses racines juives et a fait preuve d’un soutien indéfectible envers le peuple juif, particulièrement durant son époque. En cela, on peut conclure qu’Einstein était, bien sûr, bien plus qu’un scientifique – c’était aussi un juif du 20e siècle.