Et si Elohim – un terme hébreu désignant Dieu – créait l’humanité, tout comme dans la Genèse ? Mais et si Elohim faisait réellement référence à une race d’extraterrestres ? Et si la terre d’Israël accueillait effectivement la révélation avec la construction du Troisième Temple, mais que ce temple serait une aire d’atterrissage pour vaisseau spatial et une ambassade extraterrestre ? Ou si Yahweh était le père de Jésus, comme l’enseigne le christianisme, mais qu’il n’était pas tant un dieu qu’un mec vert et maigre aux yeux ovales géants qui a également engendré un prophète toujours vivant ?
Ce sont tous les enseignements de Raël, le prophète autoproclamé susmentionné, un Français chauve avec une énorme couronne crépue de boucles sauvages autour de son crâne brillant. Incidemment, il est aussi très intéressé par le clonage, ce qui, selon lui, explique la résurrection de Jésus : il vient d’être recloné à la vie par les Elohim, puis ils l’ont ramené dans leur vaisseau spatial.
Collectivement, ces enseignements sont connus sous le nom de Raëlianisme, et ils font l’objet d’une nouvelle mini-série documentaire sur Netflix, Rael. Il porte le nom du prophète, né Claude Vorilhon, fils d’un père séfarade qui se cachait des nazis et d’une jeune française de 15 ans.
Peut-être que ce contexte a influencé les enseignements ultérieurs de Vorilhon. Le raëlisnisme est, après tout, rempli de terminologie hébraïque, et le symbole du mouvement consiste en une étoile de David avec une croix gammée au centre.
D’autre part, il a également mené une carrière de chanteur folk, de pilote de course automobile et de journaliste automobile avant de découvrir sa carrière de prophète avec la publication de son livre en 1974, Le livre qui dit la véritéà propos de sa rencontre avec un OVNI et les Elohim à son bord.
Rael consacre une grande partie de ses quatre épisodes à enquêter sur le plus grand scandale des Raëliens : une affirmation de clonage humain réussi. Volilhon a enseigné que le secret de la vie éternelle résidait dans le clonage, alors ils ont cherché à cloner un bébé humain – et ont annoncé qu’ils l’avaient fait en 2000, avec la naissance supposée d’un bébé nommé Eve. Après de nombreuses pressions juridiques, ils ont déclaré qu’Eve était née et vivait en Israël, un point important puisque le clonage humain est illégal partout ailleurs où le mouvement est présent.
Le clonage est une curiosité amusante, mais le temps consacré au fait qu’il pourrait s’agir d’une arnaque — personne n’a jamais obtenu de preuve solide de l’existence d’Eve, y compris le scientifique qui a dirigé l’expérience de clonage — fait que Rael interroge peu la philosophie du raëlianisme. Au lieu de cela, il y a beaucoup de plans de personnes allongées nues et heureuses dans l’herbe au début des années d’amour libre du groupe à la fin des années 1970. C’est un peu une secte, bien sûr – même si le groupe est techniquement classé par les spécialistes de la religion comme un « nouveau mouvement religieux », et non comme une secte. Mais c’était après tout les années 70 ; l’amour libre était partout. Les observations d’OVNIS étaient également un pilier de l’actualité à l’époque.
Ce qui distingue le mouvement – mis à part le clonage – est sa philosophie, qui fait fortement écho au gnosticisme et s’inspire largement de la Bible ; Vorilhon cite la forme plurielle du mot hébreu Elohim comme preuve qu’il ne fait pas référence à un Dieu unique mais plutôt à plusieurs êtres – les extraterrestres qui nous ont créés. Il s’appuie sur les prophéties concernant le Troisième Temple pour prouver que les extraterrestres reviendront. Parfois, il chante en hébreu, gazouillant « Shalom Elohim » tout en grattant une guitare acoustique comme s’il était animateur dans un camp d’été.
Pourtant les Raëliens rejettent la religion. Le judaïsme semble fonctionner, pour eux, comme un signifiant qui connote l’exotisme mais aussi l’authenticité : il n’est pas très familier aux Français, aux Américains et aux Québécois parmi lesquels ils ont largement recruté, mais il est néanmoins attaché à quelque chose qui leur semble ancien. Cela ajoute un sentiment de gravité et une légitimité à un groupe qui parle autrement d’extraterrestres, un sujet plus associé aux chapeaux en papier d’aluminium qu’à la vérité cosmique.
De cette manière, les Raëliens ne fonctionnent pas très différemment de plusieurs mouvements évangéliques d’aujourd’hui, qui intègrent les shofars, les talits et les Seders dans leurs nouvelles écoles du christianisme. Après tout, qui peut dire ce qu’est une secte et ce qu’est une religion ? La principale nuance semble avoir survécu au temps et le raëlianisme est toujours en vigueur. Revenez avec mon clone dans quelques centaines d’années.