(La Lettre Sépharade) — Le président français Emmanuel Macron s’est rendu à Jérusalem mardi, tentant d’équilibrer sa solidarité avec Israël avec ses appels à l’aide humanitaire à Gaza et à un processus de paix politique avec les Palestiniens.
Trente citoyens français ont été tués lors de l’incursion du Hamas en Israël le 7 octobre, qui a fait plus de 1 400 morts en Israël et plus de 200 prises en otages. Neuf ressortissants français sont toujours portés disparus et seraient détenus. Une cinquantaine d’autres citoyens français sont bloqués dans la bande de Gaza assiégée, qui a été pilonnée par les frappes aériennes israéliennes.
Après une réunion à huis clos avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, Macron a déclaré lors d’une conférence de presse que leurs pays partageaient l’ennemi commun du terrorisme. Il a ajouté que l’attaque du Hamas a causé à la France son pire bilan en termes de morts suite à une attaque terroriste depuis 2016, lorsque 86 personnes ont été tuées lors d’une célébration du 14 juillet à Nice.
Macron a également rencontré mardi une trentaine de membres de familles de victimes françaises et franco-israéliennes du Hamas à Tel Aviv.
Mais il a également exhorté Israël à adhérer aux lois de la guerre et à protéger les civils de Gaza, qui vivent dans une grave crise humanitaire avec un accès de plus en plus restreint à l’eau, à la nourriture et à l’électricité. Selon le ministère de la Santé de Gaza, contrôlé par le Hamas, la guerre a tué plus de 6 000 Palestiniens coincés dans l’enclave côtière.
« Le combat doit être sans merci, mais pas anarchique, car nous sommes des démocraties et nous luttons contre les terroristes », a déclaré Macron. « Les démocraties respectent les règles de la guerre et garantissent l’accès humanitaire. Les démocraties ne ciblent pas les civils, ni à Gaza ni ailleurs.
Le président français est devenu l’une des voix occidentales les plus éminentes poussant Netanyahu à autoriser l’aide humanitaire à Gaza. Il a exhorté Israël à rétablir l’électricité pour les hôpitaux, tout en veillant à ce que l’électricité ne soit pas détournée par le Hamas, qui a détourné des millions de fonds d’aide dans le passé.
Macron a également averti les voisins d’Israël d’éviter une escalade de la guerre vers un conflit régional plus large. Il a suggéré que la coalition internationale mise en place pour lutter contre l’État islamique en Syrie et en Irak pourrait être élargie pour combattre le Hamas.
Il a conclu son discours en insistant sur une résolution politique et pacifique du conflit entre Israël et les Palestiniens qui dure depuis des décennies.
« La stabilité régionale et le retour à la normalisation ne peuvent avoir lieu que si Israël défend sa sécurité, lutte contre la violence mais accepte également le droit légitime des Palestiniens à avoir un État, à vivre en paix et en sécurité aux côtés d’Israël », a-t-il déclaré.
Macron est également devenu l’un des rares dirigeants occidentaux à avoir rencontré le président palestinien Mahmoud Abbas à Ramallah depuis le début des combats, malgré l’interdiction imposée par Israël qui jugeait les « conditions de sécurité » en Cisjordanie insuffisantes. Seul le Premier ministre néerlandais Mark Rutte s’est également rendu à Ramallah. Mercredi, Macron a rencontré le roi Abdallah II de Jordanie et le président égyptien Abdel Fattah al-Sisi.
Pendant ce temps, à Paris, le Congrès juif mondial a convoqué une réunion mardi pour faire face à la recrudescence mondiale des discours de haine antisémite en ligne. Des représentants du monde entier ont rapporté que le Hamas a utilisé Internet et les réseaux sociaux pour alimenter une hausse des discours de haine et de la désinformation depuis les attentats du 7 octobre, un effort que les stratégies de modération et de surveillance du contenu des plateformes n’ont pas réussi à empêcher.
Selon un rapport publié parallèlement au forum, le Hamas a également rassemblé des soutiens parmi les idéologies d’extrême droite et racistes, soulignant un changement dans les cercles extrémistes à travers le monde.