Un éditeur « juif international » condamné à une amende de 10 000 dollars par le tribunal français pour antisémitisme

Un tribunal français a imposé des limitations à la publication de cinq livres, invoquant un contenu antisémite.

Le tribunal de Bobigny près de Paris a prononcé la semaine dernière une interdiction générale de publication et de diffusion d’un livre, « L’anthologie des citations contre les juifs, le judaïsme et le sionisme » de Paul-Eric Blanrue. Tous les exemplaires du livre doivent être retirés dans un délai d’un mois, selon la décision du 13 novembre.

Le tribunal a condamné Kontre Kulture à une amende de 10 795 dollars pour avoir publié le livre, édité par Alain Soral, un militant français d’extrême droite qui a fait des déclarations antisémites dans le passé.

Le tribunal a ordonné la suppression de passages des quatre livres restants, qui ont également été édités par Soral, y compris « The International Jew » d’Henry Ford.

Le livre de 321 pages de Blanrue contient « des centaines de déclarations antisémites de personnalités connues à travers les âges », selon l’agence de presse AFP. Le tribunal a déclaré qu’il contenait « l’incitation à la haine raciale » et les « négationnismes de génocide », qui sont illégaux en France.

L’amende infligée à la maison d’édition sera versée à la LICRA, la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme basée en France, qui a engagé le procès contre Soral et la maison d’édition.

Yves Baudelot, avocat spécialisé dans les droits littéraires, a déclaré à l’AFP que les décisions d’interdiction des livres étaient « très, très, très rares » en France. La décision du tribunal de Bobigny est la première interdiction de ce type depuis des années, a-t-il ajouté.

La LICRA a salué la décision comme une victoire pour la justice. Un certain nombre d’auteurs et d’universitaires ont toutefois soutenu qu’il s’agissait d’une atteinte déraisonnable à la liberté d’expression.

« Cette décision est déconcertante et étonnante », a écrit Pierre Glaudes, professeur de littérature à l’université de la Sorbonne à Paris, dans un éditorial publié jeudi par Le Nouvel Observateur, un hebdomadaire influent basé à Paris.

Glaudes a noté que parmi les livres inclus dans la décision figurait «Salut par les Juifs», écrit il y a 122 ans par Léon Bloy. Ce livre, écrit-il, « a été réédité d’innombrables fois sans être invalidé par la loi – jusqu’à aujourd’hui ». Il a ajouté que la décision était un « anachronisme judiciaire dangereux ».

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