(La Lettre Sépharade) — Le gouvernement israélien est sur le point de faire avancer sa proposition d’affaiblir la Cour suprême du pays, alors même que le Premier ministre Benjamin Netanyahu a déclaré qu’il avait abandonné la disposition la plus importante du plan.
L’effort législatif renouvelé intervient au milieu de manifestations de rue continues contre la réforme proposée, qui ont eu lieu au moins une fois par semaine depuis le début de cette année. Des manifestations généralisées en mars – en plus d’autres menaces de désobéissance civile – ont conduit à une pause dans l’avancée des réformes et déclenché des négociations entre la coalition au pouvoir et l’opposition sur le contenu de la législation.
Ces pourparlers semblent avoir échoué, et maintenant le gouvernement de Netanyahu semble prêt à ramener certains des projets de loi devant le parlement israélien, la Knesset. Sa coalition, qui comprend des partis d’extrême droite, détient 64 des 120 sièges de la Knesset.
Mais selon Netanyahu, la réforme reviendra sur la table sans sa disposition la plus controversée, qui aurait permis à une simple majorité de législateurs d’annuler les décisions de la Cour suprême annulant les lois. Cette proposition, connue sous le nom de clause de dérogation, était au cœur des affirmations des critiques selon lesquelles la refonte judiciaire mettrait en danger la démocratie israélienne en sapant la cour de son pouvoir. Dans une interview la semaine dernière avec le Wall Street Journal, Netanyahu a déclaré que la clause de dérogation était « en dehors » du paquet législatif.
Au lieu de cela, les législateurs se concentreront sur l’adoption d’une loi qui limite la capacité de la Cour suprême à annuler les décisions gouvernementales qu’elle juge « déraisonnables ». Plus tôt cette année, le tribunal a utilisé cette justification pour interdire à Aryeh Deri, un important politicien orthodoxe haredi qui a été reconnu coupable à plusieurs reprises de crimes, d’être nommé au cabinet de Netanyahu.
La législation actuellement à l’étude priverait le tribunal du pouvoir d’annuler les décisions des élus nationaux pour cause de «déraisonnabilité». Selon la publication israélienne Ynet, la doctrine pourrait encore être utilisée pour invalider les décisions des responsables gouvernementaux non élus et des responsables locaux tels que les maires.
Netanyahu s’est également engagé à faire avancer un projet de loi modifiant la composition du comité qui nomme les juges, un élément clé de la refonte proposée. Une version précédente de ce projet de loi aurait donné à la coalition gouvernementale un contrôle total sur les nominations judiciaires, mais Netanyahu a déclaré que le nouveau projet de loi serait plus limité.
Il n’a rien dit sur une partie des réformes qui ont franchi un obstacle en février mais n’ont pas avancé depuis. Cette législation empêcherait la Cour suprême d’annuler les « lois fondamentales », le plus proche parallèle d’Israël à une constitution, dans un mouvement qui, selon certains observateurs, pourrait rendre la clause de dérogation plus large inutile.
Les promesses de Netanyahu semblent avoir eu un effet limité sur les opposants à la refonte. Gali Baharav-Miara, le procureur général israélien, a qualifié la proposition de loi « déraisonnable » de « trou noir qui nuira à la démocratie ».
Les organisateurs de la manifestation ont déclaré que des centaines de milliers de personnes ont assisté aux manifestations de ce week-end, qui ont eu lieu dans tout le pays samedi soir pour la 26e semaine consécutive. Les manifestants ont également juré de se rassembler lundi au troisième terminal animé de l’aéroport Ben Gourion pour protester contre la refonte. La police a mis en garde les manifestants contre le blocage des routes entourant l’aéroport, ce qu’un haut responsable a qualifié de risque pour la sécurité.
Pendant ce temps, certains de ses alliés de droite au sein du gouvernement ont exprimé leur déception face aux commentaires de Netanyahu.
« Se rendre à ceux qui brûlent l’Ayalon et appellent à des troubles civils est une victoire pour la violence et une perte pour Israël », tweeté Itamar Ben-Gvir, le ministre de la sécurité nationale d’extrême droite, faisant référence à l’autoroute de Tel-Aviv qui a été un lieu de protestations.
Les déclarations de Netanyahu ont été saluées par les Fédérations juives d’Amérique du Nord, qui se sont dites « encouragées » par sa promesse d’abandonner la clause de dérogation. Le groupe s’était prononcé contre la législation de dérogation plus tôt cette année et a déclaré jeudi dans un communiqué que « toute réforme doit laisser intact un système solide de freins et contrepoids, qui est la clé du pilier démocratique de la protection des droits des minorités ».