Lorsque l’Église d’Écosse a décidé de réviser son rapport antisémite controversé et à la limite de l’antisémitisme sur Israël et les Palestiniens, elle n’a eu à faire que trois choses.
Tout d’abord, le Kirk, comme l’église est largement connue, devait faire comprendre clairement ce qu’est réellement le sionisme. Pas, comme ils l’ont dit à l’origine, une idéologie uniquement religieuse. Mais plutôt, un mouvement diversifié englobant une multitude de rêves dont de nombreux profanes.
Deuxièmement, il devait abroger toutes les revendications qui sentaient le suprémacisme chrétien.
Troisièmement, il fallait supprimer ou à tout le moins réécrire les passages sur l’Holocauste, ceux qui affirmaient auparavant que les Juifs devaient « cesser de se considérer comme des victimes et spéciaux » et « se repentir » pour le déplacement des Palestiniens pendant les guerres d’indépendance.
La version révisée de « L’héritage d’Abraham » vient d’être rendue publique, et elle échoue aux trois tests. Malgré les lacunes tenaces, à tout le moins, la nouvelle préface du rapport indique que l’Église d’Écosse sait qu’elle a fait quelque chose de très mal la première fois.
« Le pays d’Israël est un État reconnu et a le droit d’exister dans la paix et la sécurité », déclare-t-il désormais en fait. « Nous rejetons le racisme et la haine religieuse. Nous condamnons l’antisémitisme et l’islamophobie. Nous condamnerons toujours les actes de terrorisme, de violence et d’intimidation.
Ce n’est pas grand-chose, mais il fallait le dire.
Quelles que soient les révisions, « L’Héritage d’Abraham » ne contient toujours pas une once de sympathie pour Israël. Par exemple, après avoir cité le passage de la Déclaration d’établissement qui appelle à «l’égalité complète des droits sociaux et politiques de tous ses habitants sans distinction de religion, de race ou de sexe», le Kirk souligne que «les valeurs libérales-démocrates ont été violées dans les domaines de l’immigration, de la citoyenneté, de l’éducation, de l’économie et surtout des politiques foncières. Il formule ces affirmations à la fois sans être précis sur ces violations et en plus comme si personne n’était au courant jusqu’à présent des tensions qui existent au sein d’un État juif et démocratique.
Loin d’accepter le droit d’Israël d’exister en paix et de continuer à régler ces tensions, le Kirk dépeint tout le projet sioniste comme une cause perdue. Ou à peu près. Afin de tirer Israël du bord du gouffre, Kirk dit qu’il doit « envisager des mesures économiques et politiques impliquant des boycotts, des désinvestissements et des sanctions contre l’État d’Israël axés sur les colonies illégales, comme le meilleur moyen de convaincre les politiciens et les électeurs israéliens que ce qui se passe est faux. »
Ici, l’Église d’Écosse montre qu’elle ne sait pas grand-chose sur Israël – où une majorité continue de considérer l’occupation comme indésirable et une solution à deux États comme nécessaire – ou qu’elle a beaucoup de temps pour les préoccupations légitimes d’Israël en matière de sécurité. L’Église ne veut pas rappeler pourquoi l’Occupation, aussi terrible soit-elle, existe en premier lieu.
Quant à l’Holocauste, les passages susmentionnés ont été effacés, mais l’affirmation selon laquelle « l’énormité de l’Holocauste a souvent renforcé la croyance qu’Israël a un droit inconditionnel sur la terre » demeure. C’est une chose inutile à dire, et en laissant cet albatros pourri en plein milieu du rapport, l’Église d’Écosse finit par en être étranglée.
Pour se justifier, les auteurs introduisent dans le rapport les travaux de Marc H. Ellis. Le même Marc H. Ellis a décrit un jour le lauréat du prix Nobel et survivant de l’Holocauste Elie Wiesel comme un « juif de cour/juif crucifié » qui peut « communiquer à d’autres juifs puissants ce que les Clinton feront et ne feront pas concernant les intérêts de la communauté juive », et a fait l’éloge Le professeur de Columbia Joseph Massad comme un « intellectuel subversif » qui « ne fait pas de prisonniers ». Si l’Église d’Écosse a voulu prouver qu’elle est loin d’être antisémite, y inclure le nom d’Ellis n’a pas aidé leur cas.
Pire encore, « L’héritage d’Abraham » reste un document fondé sur le supersessionisme. La citation controversée, « Si Jésus est effectivement le Oui à toutes les promesses de Dieu, la promesse faite à Abraham concernant la terre s’accomplit par l’impact de Jésus, et non par la restitution de la terre au peuple juif », reste en place.
En fin de compte, c’est la théologie du remplacement qui fait de « L’héritage d’Abraham » un document fondamentalement défectueux. Après tout, l’affirmation de base que l’Église d’Écosse pense avoir faite – qu’elle « n’est pas d’accord avec la prémisse selon laquelle l’Écriture offre à tout peuple un droit divin sur le territoire » – est parfaitement correcte et rationnelle. Mais le Kirk ne semble pas voir la contradiction à se tourner vers le Nouveau Testament et à affirmer sa véracité pour faire avancer son dossier.