Ce parti roumain a qualifié l’Holocauste de « sujet mineur ». L’envoyé d’Israël vient de rencontrer son chef.

(La Lettre Sépharade) — L’ambassadeur d’Israël en Roumanie a rencontré le chef d’un parti politique de droite que Yad Vashem, le mémorial israélien de l’Holocauste, a dénoncé à cause de commentaires passés sur le génocide et la Seconde Guerre mondiale.

Lundi, l’ambassadeur Reuven Azar a rencontré à Bucarest George Simion, président du parti AUR, et Yossi Dagan, président du Conseil régional de Samarie, une organisation de dirigeants d’implantations israéliennes.

Certains dirigeants de l’AUR ont défendu le bilan de personnalités historiques qui ont servi sous le régime du dictateur roumain Ion Antonescu – un allié d’Hitler – ou qui faisaient partie de la Garde de Fer, un mouvement farouchement antisémite, un mouvement fasciste révolutionnaire. L’année dernière, le parti nationaliste AUR a publié une déclaration qualifiant l’éducation sur l’Holocauste, récemment rendue obligatoire dans les lycées roumains, de « sujet mineur ».

L’ambassadeur d’Israël en Roumanie à l’époque, David Saranga, a fait valoir que cette déclaration relevait de la définition de l’antisémitisme donnée par l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste. « Nous sommes chrétiens, nous ne pouvons donc pas être antisémites », a écrit en réponse Claudiu Tarziu, membre de l’AUR.

Depuis, le gouvernement israélien a changé. Selon le Times of Israel, les législateurs du gouvernement actuel, historiquement de droite, ont exprimé le désir de raviver les relations avec les gouvernements d’extrême droite à travers l’Europe.

Le ministère israélien des Affaires étrangères a déclaré au Times of Israel qu’il avait accepté de rencontrer Simion seulement après que son parti ait accepté quatre choses : que la Roumanie était responsable des Juifs tués sur le territoire qu’elle détenait pendant la Seconde Guerre mondiale ; que tous les partis devraient adopter la définition de l’antisémitisme de l’IHRA ; que la glorification des criminels de guerre, dont Antonescu, soit condamnée ; et que l’éducation sur l’Holocauste devrait bénéficier d’un soutien solide.

Simion a publié une déclaration qui aborde ces sujets mais ne soutient pas le programme actuel d’histoire de l’Holocauste du gouvernement, selon le Times of Israel. Et au lieu de condamner catégoriquement Antonescu et les personnalités de la Garde de fer, Simion a écrit : « La législation pénale roumaine punit sévèrement toute manifestation de soutien… aux criminels de guerre ou aux membres de la Garde de fer qui ont pris part à l’Holocauste, y compris Ion Antonescu. »

Yad Vashem n’a pas soutenu la réunion de lundi. « En juillet, nous avons informé le ministère des Affaires étrangères qu’à notre avis, les conditions justifiant une rencontre avec le parti AUR n’étaient pas remplies », a indiqué le musée dans un communiqué. « Au cours des dernières semaines, le ministère des Affaires étrangères n’a plus demandé notre avis et ne nous a pas informés de l’évolution de la situation. »

Simion a également accepté l’invitation de Dagan à visiter la Cisjordanie. La chaîne d’information israélienne i24 a rapporté que Dagan avait travaillé pendant des mois avec le ministère des Affaires étrangères pour organiser cette réunion.

L’automne dernier, le ministère israélien des Affaires étrangères a déclaré qu’il n’entretenait aucune relation avec l’AUR, après qu’un groupe de législateurs du parti Likoud du Premier ministre Benjamin Netanyahu ait assisté à une conférence organisée par le parti politique. Et plus tôt ce mois-ci, le ministre des Affaires étrangères Eli Cohen – qui a été réprimandé cette semaine après avoir révélé une réunion avec son homologue libyen, déclenchant une crise là-bas – a déclaré qu’une détente avec le parti AUR était une « fausse nouvelle ».

AUR a choqué les analystes lors des élections de 2020, remportant 9 % des voix nationales en capitalisant sur la colère suscitée par les confinements liés au COVID-19. On s’attend à ce qu’ils gagnent en influence. Une personnalité éminente du parti a suscité l’indignation – et pris ses distances avec Simion – après avoir fait l’année dernière l’éloge d’un dirigeant roumain fasciste antisémite des années 1930 à la télévision aux heures de grande écoute.

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