(La Lettre Sépharade) — Les tensions sur l’avenir d’Israël ont ébranlé la convocation du Congrès sioniste mondial à Jérusalem, signe avant-coureur d’une saison de participation juive de la diaspora aux féroces combats politiques d’Israël.
Premièrement, les délégués de gauche et centristes du groupe, qui détermine la politique d’une branche de l’Agence juive pour Israël, se sont rassemblés jeudi devant la Cour suprême d’Israël pour protester contre la proposition radicale du Premier ministre Benjamin Netanyahu d’affaiblir le système judiciaire. Ensuite, des délégués de groupes de droite ont cherché à bloquer le vote sur des résolutions critiquant le gouvernement israélien, dans un stratagème qui a généré des scènes tendues au sein d’un organe dont les délibérations attirent rarement l’attention du public.
Les tensions se sont propagées vendredi lorsque le membre de droite de la Knesset qui dirige le comité chargé de la législation judiciaire, Simcha Rothman, a été brièvement coincé par des manifestants avant d’être emmené par la police.
Les incidents ont offert un signe de la façon dont les jours et les semaines à venir pourraient se dérouler en Israël, alors que des milliers de Juifs de la diaspora se rendent dans le pays pour des événements liés au 75e anniversaire d’Israël. L’anniversaire survient peu avant les jours pendant lesquels le gouvernement de droite israélien devrait reprendre la législation judiciaire, qui, selon les partisans et les critiques, a le potentiel de changer Israël pour toujours. Les protestations devraient être féroces.
Le Congrès sioniste mondial est l’assemblée périodique qui détermine la politique de l’Organisation sioniste mondiale, le bras de l’Agence juive qui vise à servir de pont vers la diaspora. L’une de ses fonctions est de fournir du matériel aux écoles juives du monde entier et d’influencer les priorités des grandes organisations juives internationales dotées de budgets substantiels. Il vote également des résolutions symboliques sur le caractère et l’avenir d’Israël.
Environ 100 délégués au Congrès sioniste mondial ont pris part à ce que les participants ont qualifié de marche spontanée contre la législation judiciaire jeudi. Ils portaient des T-shirts fournis par UnXeptable, un mouvement de protestation organisé par des expatriés israéliens.
« Nous sommes ici aujourd’hui parce que les efforts actuels du gouvernement israélien pour saper la démocratie et promouvoir la division menacent de nous déchirer et non seulement de provoquer des divisions au sein d’Israël ; il attaque également la diaspora », a déclaré John Furstenberg, vice-président pour l’Australasie de Mercaz, la branche sioniste du mouvement conservateur/Masorti, qui était l’un des nombreux orateurs lors du rassemblement devant la Cour suprême. « Nous ne pouvons pas rester les bras croisés et ne rien dire alors que nous voyons nos ennemis dans le monde entier se réjouir de notre détresse. »
Des délégués au Congrès sioniste mondial protestent contre les changements proposés par le gouvernement Netanyahu aux tribunaux, devant la Cour suprême de Jérusalem, le 20 avril 2023. (Josh Drill)
Sheila Katz, PDG du Conseil national des femmes juives, a déclaré que des délégués de 10 pays avaient participé au rassemblement. Elle a dit qu’elle s’attendait à plus dans les jours à venir, en particulier autour de l’Assemblée générale des Fédérations juives d’Amérique du Nord, qui est déjà assaillie par les détracteurs du gouvernement pour avoir présenté Netanyahu et qui devrait attirer 3 000 participants. Katz devrait être l’un des conférenciers invités lors d’une manifestation massive prévue samedi soir, qui marquera 17 semaines de manifestations antigouvernementales qui ont attiré des centaines de milliers de participants.
« Nous tous qui sommes ici croyons en la vision sioniste originale de ce pays, et nous avons l’impression que le gouvernement actuel s’égare », a déclaré Katz. « Et alors, comment contrer cela ? Vous le contrez en partageant ce qu’est vraiment la vision.
Une deuxième confrontation a eu lieu pendant le congrès lui-même, lorsqu’un bloc de groupes centristes et de gauche a avancé un certain nombre de résolutions qui auraient consacré la déclaration d’indépendance israélienne en tant que politique, protégé les droits des LGBTQ et soutenu ceux qui s’opposent aux réformes judiciaires de Netanyahu.
Anticipant que les résolutions symboliques seraient adoptées, les groupes de droite au Congrès ont utilisé avec succès des manœuvres parlementaires pour retarder le vote, bien qu’ils n’aient pas réussi à faire pression pour des votes individuels qui auraient pris de nombreuses heures et forcé les délégués à révéler leurs positions. Les votes auront désormais lieu en ligne, empêchant une répétition des engueulades qui ont eu lieu jeudi, et devraient entraîner des critiques à l’encontre du gouvernement israélien.
« C’est une victoire pour le bloc libéral de centre-gauche qui se traduira par l’adoption de résolutions contre la politique du gouvernement, sans concessions », a déclaré le vice-président de la WZO, Yizhar Hess, dans un communiqué sur la décision de tenir les votes en ligne. « La droite a essayé dès le début d’empêcher qu’il y ait des votes à ce Congrès. Ils ont échoué au début. Ils ont encore échoué aujourd’hui.
