Et si Dieu était républicain ? La complainte d'un agnostique Un message de notre rédactrice en chef Jodi Rudoren

TEL AVIV — J’ai beaucoup réfléchi à Dieu ces derniers temps. Ce qui m’a probablement poussé à m’aventurer dans ce terrier de lapin théologique, c’est la survie quasi miraculeuse de l’ancien président Donald Trump à la tentative d’assassinat en Pennsylvanie, et les explications surnaturelles avancées par Trump et ses partisans.

Le sénateur du Texas Ted Cruz a affirmé que Dieu avait incliné la tête de Trump au moment où le coup de feu a été tiré. Charlie Kirk, le fondateur d'un groupe d'extrême droite appelé Turning Point USA, a déclaré que Dieu, tout comme un personnage de Marvel, avait créé une légère brise qui avait détourné la balle de sa trajectoire. La victime elle-même n'a pas donné de détails techniques, se contentant de déclarer qu'au moment de l'attaque, Dieu était là avec lui sur scène.

Ces affirmations d’intervention divine peuvent être facilement rejetées ; après tout, les anciens présidents Ronald Reagan, George H.W. Bush et Bill Clinton ont également survécu à des complots d’assassinat, et aucun d’entre eux n’a attribué cela à l’intervention d’une puissance supérieure. Mais que se passerait-il si Trump et son peuple avaient raison et si Dieu était vraiment était là, sur la scène de Butler, en Pennsylvanie, et pourtant, vous avez choisi d’être ailleurs quand Abraham Lincoln, le révérend Martin Luther King, Jr., le Mahatma Gandhi et Yitzhak Rabin ont été assassinés ?

La réponse évidente est que le Seigneur travaille de manière mystérieuse et que l’esprit humain ne peut pas comprendre pleinement les raisonnements de Dieu. Mais et si c’était… faux ? Et si Dieu était tout simplement un républicain ? Et si, quelque part dans les plis de sa robe, il y avait une broche MAGA ? Et s’il voyait tout, mais que ce qu’il aime le plus voir, c’était Fox News ?

Dans les récits bibliques qui ne se déroulent pas à une époque très libérale, nous voyons que Dieu évoque souvent des causes abstraites comme l'intégrité et la justice dans ses conversations avec les prophètes et les rois. Mais lorsqu'il s'agit de prendre position sur des questions fondamentales comme l'esclavage, les droits des femmes ou le maintien de la démocratie, il préfère se taire et semble accepter les dictatures oppressives.

Si j'essaie d'imaginer la réaction de Dieu lorsqu'on parle du changement climatique, je le vois faire une grimace et nous conseiller avec condescendance de nous concentrer sur ce que nous faisons bien et de lui laisser l'entretien de la planète.

En d’autres termes, si Dieu apparaît soudainement devant moi dans un buisson ardent, traverse un nuage ou apparaît sur Facebook Live, j’ai peur que Lui et moi soyons probablement en désaccord sur à peu près tout.

Et là, les choses vont devenir gênantes. D’un côté, il serait très stupide de discuter avec l’entité omnisciente et omnipotente qui m’a créé. De l’autre, si cette entité prône des valeurs misogynes, racistes, homophobes et discriminatoires, alors, Créateur du monde ou pas, je pense que j’aurais du mal à m’y rallier. Même le soutien divin à Trump et au Premier ministre Benjamin Netanyahu ne pourrait me faire voter pour eux, et tout ce conflit pourrait se terminer en larmes – ou en enfer.

La dernière chose que je souhaite, c'est de me battre avec mon Créateur. C'est pourquoi ce soir, je vais prier, de manière agnostique mais fervente, pour qu'il n'y ait pas de Dieu. Ou plutôt pour qu'il y en ait un, mais qu'il soit du type old school : moins politique et autoritaire, plus éthique et vaguement bien intentionné. Le Dieu que nous avons tous imaginé quand nous étions enfants : calme, bien intentionné et peu enclin à chercher la bagarre sur Twitter.

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