Tout comme
dans les deux livraisons précédentes, l’actualité nous
conduit à revenir sur cette notion de «Sépharade», cette
fois-ci sous la forme de lettres de lecteurs publiées dans la grande presse
nationale. En effet, un article paru fin septembre dans «L’événement du Jeudi» traitant de la façon dont telle ou telle partie du judaïsme français a pu percevoir les nouvelles perspectives de paix au Proche-Orient, puis un communiqué du C.R.I.F. ont suscité une quantité de lettres , dont «Le Figaro» et «L’Edj» ont publié une seule chacun. Nous reproduisons ces lettres : dans le Figaro du 1er octobre sous la signature de Maurice Hasson : «Ainsi que de nombreux amis, j’ai pris connaissance de la lettre du CRIF sous le titre OLP-ISRAEL et je suis très étonné de l’utilisation abusive et fausse du mot «séfarade». En effet, contrairement à ce que l’on veut faire croire depuis de nombreuses décennies, les Juifs des pays arabes et aussi, je le souligne, ceux originaires du Maghreb, ne peuvent se dire séfarades, sauf en partie pour les communautés de Tétouan et Tanger - mais il faut tenir compte de la colonisation espagnole. Il en est de même en Israël où les partis séfarades ne sont composés en réalité que de personnes originaires des pays arabes, et ce dans leur très grande majorité. | Nous autres, les vrais séfarades, sommes de plus en plus nombreux à réagir à la captation de notre nom et d’un héritage dont nous sommes fiers et qui n’appartient qu’à nous, Séfarades de Sarajevo, Salonique et Istanbul. Il est temps de rappeler que le nom de séfarades concerne exclusivement les Juifs dont les ancêtres ont été chassés d’Espagne lors de l’inquisition, et qui ont gardé intacts leur langue, leurs mœurs et leur caractère spécifique.» dans «L’Edj du 7 octobre sous la signature de Bondi Cordova:« «J’ai beaucoup apprécié votre dossier sur les Séfarades. Je suis d’autant plus à l’aise pour vous demander de revoir votre copie, tout au moins sur le plan sémantique. «Séfarade» n’est pas un fourre-tout contenant tout ce qui n’est pas ashkénaze. Ce mot hébreu signifie «Espagne». Est donc sépharade tout juif d’origine ibérique (Portugal inclus) dont la famille conserve ou a conservé jusqu’à une époque récente l’usage de la langue espagnole, c’est à dire depuis l’expulsion d’Espagne en 1492. Parmi les juifs d’Afrique du Nord, il y en a dont les ancêtres sont justement ces expulsés, mais la majorité - arabophone - est antérieure à cette date. Bien entendu, il n’y a aucun distinguo qualitatif dans ces origines, mais les cultures hispanophone et arabophone, semblables par certains aspects, conservent des caractéristiques assez différentes.» | On peut évidemment trouver puériles ces revendications identitaires, en des moments où des événements importants ont de quoi retenir l’attention.
Mais elles expriment de façon épidermique un agacement réel de la part de gens qui n’avaient d’autres préoccupations, il y a vingt ou trente ans, que de se fondre dans la réalité et la prospérité françaises. Ces individus, ces familles, se cherchent et retrouvent maintenant une culture ancestrale commune valorisante, constatant comme bien d’autres que nos sociétés sont actuellement assumées et vécues comme multi-culturelles, et que la pluri-appartenance n’est pas honteuse. Notre rôle est donc - et nous tentons à notre place de le tenir - de faire connaître aux plus jeunes, répandre et promouvoir cette culture hispanophone spécifique jusqu’à ce que sa place devienne évidente et ne soit plus contestée par personne. Vaste programme...mais il est temps de s’y atteler, avec le concours de tous ! JC Les premières colonnes de ce numéro sont justement consacrées à l’enseignement de notre langue. Soyez nombreux à vous y intéresser ! |