Est-ce une impression ou le rythme d’apparition s’accélère, des disques véhiculant notre culture ancestrale? Il peut s’avérer utile, pour éclairer les lecteurs, de préciser qu’ils semblent se répartir en quatre catégories : • ceux de musique
religieuse, ou para-religieuse repris dans des chants profanes, souvent médiévaux,
sur des textes de poètes tels que Salomon ben Gabirol, Yehuda Halévy
(respectivement début et toute fin du XIe siècle-début du XIIe) ou d’auteurs
inconnus, mais toujours chantés dans les synagogues de rite sépharade. • ceux de chants
recueillis depuis des dizaines d’années par des chercheurs et musicologues auprès
de personnes âgées les transmettant par tradition familiale, et qui les
enregistrent. • ceux qui font partie
du folklore vivant et qui sont fredonnés à mi-voix par les auditeurs dans les
concerts qu’ils ont le plaisir d’écouter. • ceux mis en musique
par des compositeurs contemporains sur des poèmes d’auteurs du XXe siècle,
souvent encore vivants et productifs. Bien entendu, les délimitations ne sont pas aussi nettes et des mélodies de ces quatre groupes peuvent se retrouver dans le répertoire des interprètes actuels, qui assurent ainsi le lien, et la pérennité de la culture. Les disques commentés dans ce numéro se répartissent effectivement selon cette grille. NDLR |
Nous n’avions pas dissimulé, lors de notre commentaire de son disque précédent, notre admiration pour cet ensemble formé en 1985 et venant d’Espagne (LS 28 de décembre 1998). Le récent concert qu’il vient d’offrir en Avignon1 nous confirme la grande qualité musicale et scénique de ces professionnels de haut niveau, musiciens motivés et raffinés entraînés par un musicologue hébraïsant. Sur quoi insister le plus? sur la seconde plage, qui met en œuvre l’ensemble des instruments intéressants2 et les voix d’hommes, sur la quatrième marquant la première apparition de la superbe voix féminine, sur la cinquième, quasi solo du nay, cette flûte si particulière, sur la polyphonie de la sixième avec la basse continue pour accompagnement? Sur la voix sublime d’Albina Cuadrado qui revient dans la onzième plage (versets du Cantique du roi Salomon, VII, 12 et 13) ? sur la treizième - texte du Midrach - chantée selon la tradition des juifs du Yémen ? Sur la qualité de l’enregistrement et de la prise de son, dans un monastère cette fois avec une réverbération juste, jamais écrasante ? Ou sur la présentation du superbe livret de 48 pages en trois langues pour l’introduction, et en quatre (avec l’hébreu en caractères latins) pour les textes ? Il s’agit d’une de ces réalisations superbes et qui marquent : on n’imagine pas que puisse être obtenu mieux sur de tels thèmes. Jean Carasso |
Musique : Puerta de Veluntad - Ensemble Alia Musica Miguel Sánchez
2001
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