Bursa ne meurt pas. Si vous faites un voyage en Turquie, s’il vous plaît, passez par Bursa. Première capitale de l’Empire ottoman avec sa mosquée verte, son mausolée de station thermale, ses fabriques de soie et de coton, ses jardins ombragés, son marché typique, son hammam public, mais surtout son quartier juif maintenant protégé par les pouvoirs publics, Bursa vaut d’être visité. Vous verrez les maisons de bois d’époque, les vieilles rues, la synagogue rénovée, le vieux cimetière, sans oublier les marchands ambulants, et savourerez la cuisine traditionnelle. Mes arrière- et grands-parents, et parents, y vécurent paisiblement, mon grand-père en tant que rabbin de la communauté et aussi artisan cordonnier-bottier, ma mère brodeuse en lingerie. Les juifs participèrent aux guerres des Dardanelles et moururent en tant que Turcs. Mais en temps de paix, au moment du service militaire, les juifs furent considérés comme des prisonniers de droit commun, des forçats. | Ils n’avaient pas le droit de porter les armes, alors ils s’exilèrent, beaucoup avant l’âge ou en se rajeunissant, vers la France, l’Espagne, l’Italie, l’Amérique, la Palestine. Une partie se retrouvèrent à Paris dans le XIème arrondissement, rues Sedaine, Popin-court, Basfroi, de la Roquette. Ils firent venir leurs fiancées et s’y marièrent. Quand vinrent les rafles de 1941-1943 et 44, ils furent pour la plupart déportés vers les camps d’extermination, sans retour. Parlant là-bas avec le guide, au cours de mon voyage, je lui disais : “Comment voulez-vous que toutes ces personnes puissent revenir ici, à part les enfants sauvés, comme moi ?” Faites cette visite agréable, n’oubliez pas Bursa, vous ne serez pas déçus. Claire Venturero-Iglicki |
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