Du Romancero Judeo-Espagnol traduit par Guy Lévis-Mano et publié en 1971 chez GLM - qui nous a été offert ces jours-ci par Maurice Cohen - nous extrayons le poème suivant, respectant évidemment son orthographe :
(S’il vous plait lecteur, lisez à haute voix en scandant : comment ne pas être frappé de la rime unique en “ré” ? mais comme le texte n’est pas facile, Guy Lévis-Mano vous en offre la traduction...)
Irme quero por estos campos Irme quero por estos campos, por estos campos me iré; y la yervas de los campos por pan las comiré; lágrimas de mis ojos por agua las beveré; con uñas de los mis dedos los campos los cavaré; con sangre de las mis venas los campos los arregaré; con bafo de la mi boca los campos los secaré. En medio de aquellos campos una choça fraguaré : por afuera cal y caño por adientro la entiznaré. Todo hombre descaminante adientro me lo entraré, que me conte de sus males, de los míos le contaré : si los suyos son más munchos los míos a pacencia tomaré; si los míos son más munchos con mis manos me mataré, con mis manos me mataré, ¡ guay ! me mataré. | Je veux aller par ces champs Je veux aller par ces champs, par ces champs je m’en irai; et les herbes de ces champs comme pain les mangerai; les larmes de mes yeux comme eau je les boirai; des ongles de mes doigts les champs je creuserai; avec sang de mes veines les champs j’arroserai; du souffle de ma bouche les champs j’assécherai. Au milieu de ces champs cabane construirai : chaux et jonc au dehors, dedans la noircirai. Tout passant égaré dedans l’introduirai, qu’il me conte ses maux, les miens lui conterai : si les siens sont plus grands des miens patience aurai; si les miens sont plus grands de mes mains me tuerai, de mes mains me tuerai, ouayy ! je me tuerai. |