Lorsque nous avons publié en espanyol, dans notre numéro 13, pages 6 et 7, le récit de Zvi
Michaéli (demeurant à Tel-Aviv) rapportant un moment de son séjour au camp de Buna-Monowitz - dépendant d’Auschwitz - et comment il avait été littéralement sauvé de la sélection pour
la chambre à gaz au Revier par un médecin juif interné comme lui dont il ne savait plus rien sauf le nom, nous étions loin de penser que cet article
déclencherait une telle réaction en chaîne...
Et la suite nous fut motif de grandes joies et d’intenses émotions. Qu’on en juge :
Simultanément réagirent : Haïm
Vidal Sephiha, qui devait lui aussi sa survie au même docteur Lubicz, et la
revue “Après Auschwitz” qui publia un entrefilet sur l’article de Zvi Michaéli cité plus haut. A la suite de quoi
Simon Lubicz, lui-même lecteur de
cette publication, nous fit savoir qu’il vivait dans la région de
Bordeaux, ville dans laquelle il avait étudié la médecine, et exercé sa profession de 1959
à 1982 (LS14,
pages 1 à 3).
Nous avons eu la chance de pouvoir
réunir à Paris les
protagonistes de cette improbable aventure et de retrouver d’autres traces écrites de l’immense bonté de
ce “saint homme” - selon les termes de Haïm Sephiha .
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Chère “Lettre Sépharade”,
Dans votre numéro 13 de février 1995, vous avez publié, dans sa version judéo-espagnole, le récit d’un épisode de ma vie dans les camps de concentration.
Dans cet article je racontais comment,
hospitalisé en décembre 1943 pour une maladie grave à l’infirmerie du camp de Buna, je fus soigné avec dévouement par un médecin lui-même interné, dont j’avais retenu seulement le nom de famille : le docteur Lubicz.
Ce médecin me sauva la vie en me
soustrayant aux griffes de la “commission médicale” qui procéda à une sélection pour envoyer aux chambres à gaz les malades affaiblis qui ne
pouvaient plus fournir aucun travail.
Je n’avais bien entendu aucune idée de
ce qu’était devenu le docteur Lubicz et je ne
savais pas s’il était encore en vie.
Grâce à la publication “Après Auschwitz”, à votre revue et à la perspicacité de
votre équipe, ainsi que du professeur
Haïm Vidal-Sephiha - lui même ex-interné sauvé à plusieurs reprises dans des
conditions similaires par le même
médecin - je suis parvenu à retrouver la trace du bon docteur Simon Lubicz qui vit actuellement
dans la région de Bordeaux.
J’ai émis le désir de rencontrer mon
sauveur et n’ai qu’à me louer de vos efforts pour préparer cette rencontre qui a eu lieu à Paris.
Effectivement, le samedi 16
septembre 1995 une quinzaine de personnes furent conviées chez l’un de vos lecteurs dans son vaste appartement parisien mis à disposition
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avec une grande gentillesse.
Ce fut une soirée au plus haut
point émouvante. En dehors du docteur Simon Lubicz et de son épouse Esther,
elle-même ancienne déportée, mon épouse Elvira et moi-même, puis Haïm Sephiha,
qui étions les principaux intéressés, toute votre équipe participa à cette réunion, ainsi bien entendu que nos hôtes,
certains dirigeants des Sépharades de Paris et quelques amis intimes de votre
équipe.
Après quelques mots de bienvenue
de notre hôte, chaque participant fut invité à se présenter, y compris
nous les Lubicz et les Michaéli
qui ne connaissions personne, et chacun raconta sa propre histoire, chacune
différente, mais toutes liées d’une façon ou d’une autre à la
terreur nazie, aux camps d’extermination
et à la Choah.
Le héros de la soirée, Simon
Lubicz, tout ému et surpris de la profonde reconnaissance que nous lui avons
témoignée nous remercia par des mots simples qui vont droit au cœur, de l’honneur qui lui était fait et auquel il ne s’attendait certes pas, plus de cinquante années après les événements
relatés.
Pour clore la soirée tous les
invités apprécièrent le buffet bien garni offert par les soins de l’hôtesse et des autres personnes présentes, chacune ayant participé de son mieux en préparant les borekas, filas pâtisseries et autres friandises dans la meilleure tradition de la
cuisine sépharade traditionnelle.
Je tiens à remercier de tout cœur ceux qui, d’une façon ou d’une autre, ont contribué à organiser cette rencontre mémorable.
Merci à tous.
Zvi Michaéli le 28/9 à Tel-Aviv
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