Nicole Abravanel - dont nos lecteurs savent qu’elle enseigne entre autres à L’Université Séfarade et à l’Université d’Amiens - a rencontré Andreas Sefiha, président de la Communauté de Salonique depuis deux ans, après avoir été depuis dix ans investi de nombreuses responsabilités communautaires. |
N.A. Et à plus court terme, avant l’échéance de 1997 ?
A.S. Un deuxième axe se précise, qui intéressera sans doute les lecteurs de Los Muestros et de la Lettre Sépharade :
Les liens se resserrent entre les communautés juives du bassin méditerranéen : c’est un phénomène nouveau et relativement récent. Un premier congrès s’est tenu les 29, 30 avril et 1er mai 1994 à Barcelone. Etaient représentées des communautés françaises (Nice, Marseille, Aix, Toulouse) espagnoles, italiennes et grecques. A ma propre surprise, une certaine centralité fut immédiatement reconnue à notre ville de Salonique par tous et chacun. Qui d’ailleurs n’a dans sa propre famille un ancêtre parti de la madre de Israël pour s’installer, qui à Livourne, qui à Marseille ou à Madrid ? Notre communauté a rencontré un véritable appui de la part des différentes instances communautaires méditerranéennes. Il faut souligner la présence et l’intervention, décisives en un sens, du Joint, reflétant une inflexion nouvelle d’orientation des grandes organisations américaines : ne pas uniquement privilégier l’alyah, soutenir une vie juive en diaspora - ce dont une communauté comme la nôtre a le plus grand besoin - participer à son maintien, en particulier sur le plan spirituel. Le Congrès Juif Mondial, en janvier 1994 nous a offert en quelque sorte un feu vert, support conséquent et encouragement certain. Nous nous retrouverons à nouveau à l’autome de 1995 pour préciser nos projets.
N.A. Quelle est la situation actuelle de la Communauté ?
A.S. Nous sommes aujourd’hui 1100 âmes. Vous avez pu assister à un mariage et une bar-mitzva durant ces quinze derniers jours, mais la part des mariages mixtes est prépondérante et donc préoccupante. |
Pour assurer une continuité, il est essentiel de travailler au renforcement des cadres spirituels. C’est l’objectif prioritaire que je me suis assigné depuis ma prise de fonctions. Notre exposition photographique et notre bibliothèque supervisée par Alberto Naar, l’historien du centre communautaire, existent depuis un certain temps déjà. Il s’agit d’un lieu d’information sur le passé juif de Salonique destiné plus particulièrement à la jeunesse grecque. Pour impulser les initiatives que nous avons évoquées, nous avons mis sur pied plusieurs commissions. L’une d’elles se consacrera aux publications, l’autre aux relations publiques, une troisième à la préparation de “1997” avec des architectes de notre communauté qui travaillent avec le Conseil de l’Europe et qui sortent de ce bureau. * Est-il besoin de souligner l’importance symbolique revêtue par la continuité assumée ici ? Lors des fêtes de Tichri dans la grande synagogue, j’ai eu le grand bonheur de retrouver l’esprit, les expressions, les attitudes mêmes et les bribes musicales d’un rite enfoui que je croyais moi-même avoir oubliés. En filigrane, apparaissaient les images de notre belle communauté de la rue Saint-Lazare à Paris, les sermons du rabbin Cassorla, les merveilleux chants de José Papo.Merci à la communauté de Salonique et à ses responsables. Nicole Abravanel
Cet article a déjà été publié, à de légères différences près, dans “Los Muestros”, édition de l’automne 1994, mais il nous a semblé utile de le reprendre car l’événement “Salonique, capitale culturelle” est d’une grande importance et nous aurons encore l’occasion d’y revenir. |