Ce livre bien illustré, est disponible à la librairie Bibliophane, 26 rue des Rosiers, 75004 Paris, ainsi que chez René Benbassat, par correspondance seulement à BP 82, 92246 Clamart, au prix de 100 F. port compris.
L’histoire nous est patiemment racontée ici de ces nombreux enfants déjà
orphelins - mais on ne le savait pas encore...- ou confiés par leurs parents,
que l’Union Générale des Israélites de France (organisation suscitée par les
autorités d’occupation) tentaient de garder groupés pour les alimenter, prendre
soin d’eux. Et l’auteur s’est penché sur ce centre n° 64 exemplaire en ce sens que ce qui
se passa là eut aussi lieu ailleurs, transferts fréquents, somme de dévouements
pour que les gosses puissent “changer d’air” et être accueillis le dimanche
dans des familles juives, etc. Jean Laloum nous décrit le quotidien de ces
vingt fillettes dans le cas évoqué ici, jusqu’à la nuit du 22 juillet 1944 où
Aloïs Brunner lui-même s’occupa d’elles pour les mener à Drancy, puis
rapidement à Auschwitz ( relisez la date : la libération de Paris est toute
proche...) dont seule Rosette K. ayant déjà à presque treize ans l’apparence
d’une petite femme échappa au gazage dès l’arrivée. | Nous avons déjà évoqué dans la LS 11 (page 10) à propos du livre sur le 36 rue Amelot, le drame de l’UGIF et il est impossible et trop douloureux d’y revenir ici, sous la forme de question : était-il indispensable de garder des enfants groupés, à Paris, en été 44 plutôt que de les disperser “dans la nature” ? Cela fut d’ailleurs pratiqué aussi. Et il est trop facile maintenant d’affirmer que non, “ on n’aurait pas dû”... Me frappent à la lecture deux faits : - Que la photo de couverture a été reproduite plus de quinze fois dans divers ouvrages parus depuis cinquante ans, avec une médiocre approximation dans la légende. Mais que le manuel scolaire d’Histoire - classe de 3ème - paru chez Fernand Nathan en 1981 exprime : “Enfants portant l’étoile jaune, obligatoire à partir de 1942 pour tous les juifs de plus de six ans”. Sans aucune allusion à la mort des fillettes. C’est ici, simplement, dans un manuel scolaire, que commence le négationnisme... | - La figure est admirable de Thérèse Cahen, 46 ans à l’époque, directrice du Centre n° 64 laquelle, sur la rampe d’Auschwitz encore, refusa de quitter les fillettes et de passer comme on l’en priait, dans l’autre file, celles des “aptes au travail”. Avait-elle deviné, ou non, leur fin si proche ? Jean Carasso
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