Albert Aben, secrétaire de “Vidas Largas” à
Marseille, expose qu’au cours d’un
déplacement familial à Londres, il s’est rendu à la synagogue “Spanish & Portuguese” à Holland
Park, pour y suivre l’office du Shabbat de Souccoth, désirant aussi se rendre compte de l’activité déployée là par la
communauté judéo-espagnole du lieu. «Il m’a été expliqué que ce lieu de culte était réservé aux descendants d’immigrés d’Espagne et du Portugal. Tous les autres “sépharades” se réunissaient dans une très grande synagogue, plus près du centre de Londres. Ma première surprise en entrant fut de voir les officiants en robe longue noire, et sur la tête un haut de forme semblant démesuré. Quelques fidèles portaient le chapeau melon. Les prières étaient dites en hébreu et traduites en anglais. J’espérais les écouter dans notre langue, en vain. | Je me suis présenté à monsieur le rabbin Eskenazi, pensant que nous aurions une amicale conversation en ladino. Il ne le parlait ni le comprenait. Après l’office, nous nous sommes assis autour d’une table, sous la soucca. Le rabbin dit le kiddouch en anglais. Nous avons grignoté quelques friandises se trouvant sur la table. C’est alors que le chœur des fidèles entonna des chants en ladino plus près du portugais que de l’espagnol que nous parlons chez nous. A la fin j’ai pu converser avec un couple d’immigrés de Turquie. Ce fut insolite parce que leur ladino était parlé avec un fort accent anglais. Je n’ai pas apprécié. L’approche dans cette synagogue n’avait rien de chaleureux, je fus déçu. Je me suis intéressé au local, au demeurant très bien aménagé, avec une bibliothèque et, sur le mur, des noms bien de chez nous. Sans doute des présidents qui se sont succédés. Le dernier en date était Saragoussi. | J’ai lu : Adout, Benar-dout, Benveniste, Aboaf, Behar, Cohen et d’autres encore. Cette synagogue anglaise était hélas aussi peu pleine que notre “Ozer Dalim” à Marseille, et ils se plaignaient du peu d’engouement de la jeunesse pour la culture judéo-espagnole . C’est vrai aussi pour le peu de jeunes qui viennent aux ateliers de “Vidas Largas” à Marseille. C’est dommage ! J’ai pu, avant de quitter, prélever dans la bibliothèque un opuscule de prières dites en ladino1. lettre d’ Albert Aben |