Dans un tel cadre, les photographies, objets, documents et tableaux présentés, mémoire de ce qui n’est plus, revêtent une puissance nouvelle et l’effet de réel visé est une nouvelle victoire contre le négationisme : reconstitution de la vie du shtetl avec des éléments d’origine, témoignages des camps, rappels historiques, portraits de victimes et de survivants, espaces réservés à la méditation.
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Cependant, le visiteur sépharade trouve peu de repères sur la déportaion massive et l’extermination des Juifs de Grèce, de Yougoslavie ou d’Italie. De temps en temps une photo de Macédoine, une mention de l’origine grecque d’un objet, le passeport d’un Juif romain, mais le choix est maigre, surtout au regard des conséquences tragiques autant qu’immenses de la Choah sur l’héritage sépharade : où sont donc passées Salonique, Rhodes, Sarajevo ? le judéo-espagnol et les traditions aux accents ibériques ? Il n’est pas trop tard pour combler ce manque attristant et somme toute insultant, et le musée se doit, par souci didactique, objectif et historique, de montrer plus d’images, de souvenirs, de textes et de chiffres sur le coup violent porté par la Choah au judaïsme sépharade. Car passer sous silence un pan aussi important de la vie juive anéantie, c’est d’une certaine manière la tuer une seconde fois. Brigitte Sion | Responsabilité collective, responsabilité personnelle
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