Les Rencontres sur le judéo-espagnol des 4 et 5 avril à Tel-Aviv que nous annoncions à nos lecteurs dans les “Lettre Sépharade” précédentes se sont bien déroulées et se sont conclues par la création d’une Union Mondiale. C’est un évènement fort important pour l’avenir de notre langue, et il en est rendu compte plus en détail dans le présent numéro. Il est urgent de rendre hommage aux organisateurs qui ont osé, qui ont pris le pari de la réussite alors que rien n’était joué : Gad Nassi, l’âme de l’association MORIT - les Juifs d’origine turque en Israël - et Moshe Shaul qui porte à bout de bras l’émission en judéo-espagnol de “Kol Israel” et la revue “Aki Yerushalayim” Toute l’analyse qu’on peut en offrir est dominée par le fait suivant, stupéfiant à bien des égards : sur plus de trente-cinq interventions à la tribune, dans une salle attentive de cent-cinquante à deux cents personnes dans la longue journée de travail du 4 avril, plus de vingt-cinq ont été prononcées en judéo-espagnol, cinq ou six en castillan et haketya et deux en français, l’ouverture seule ayant été lue en hébreu par l’ancien président de l’Etat Itzhak Navon (qui participa d’ailleurs toute la journée aux travaux, s’exprimant cette fois en judéo-espagnol). | Et l’objet de ces Rencontres ayant été d’examiner la vitalité de notre langue et les moyens de la renforcer, la conclusion ressortait avant toute formulation : la langue est bien vivante ! Songez seulement que le judéo-espagnol fut ce jour-là langage véhicule de communication entre des hommes et des femmes venant de Belgrade, de Sofia, d’Athènes, d’Istanbul, de Paris comme de Berlin et Madrid ou Salamanque et de partout en Israël bien entendu ! S’il est vrai que la marche se prouve en marchant, le judéo-espagnol existe ! Et notre Union Mondiale, côte à côte avec ses semblables, celle de l’hébreu et celle du yiddish, montrera mieux que toute polémique vaine la spécificité de notre micro-culture1. Comme souvent en de tels congrès, les rencontres informelles externes permirent des contacts passionnants avec des personnes de grande qualité. Pour n’en citer que quelques-unes: Aharon Rousso, fondateur du Centre de Recherches sur le Judaïsme de Salonique, qui poursuit une œuvre de mémoire en faisant publier de nombreux livres. Robert Attal, esprit vif, insolite et brillant qui fait de même dans le cadre de l’Institut Ben-Zvi, publiant lui-même de fort nombreux ouvrages de référence2.
| Guily Efman laquelle, à force de travail en archives, a reconstitué la garde-robe des Juives sépharades depuis le 14ème siècle, qu’elle présente en une collection de superbes poupées, pièces de musée qu’elle expose en de tels lieux. Jacques Stroumsa, le “déporté violoniste d’Auschwitz”, ingénieur3 chimiste travaillant le jour en usine proche du camp qu’il regagnait pour la nuit, survivant grâce à un leitender Ingenieur allemand le protégeant sans ambiguïté mais non sans courage, et qui se dépense présentement en Allemagne et en Pologne pour informer des jeunes qui lui demandent toujours plus d’éclaircissements sur l’indicible, l’impensable4. Et tant d’autres, amis anciens ou nouveaux, émouvants par la cordialité de leur accueil5. La “LS” |