Un natif de la pampa... A cinq ans, il est à Montevideo et prend son premier bain de langues à l’école publique des enfants d’immigrés de l’Europe d’avant guerre. De son père il hérite des aptitudes techniques polyvalentes ; de sa mère la méticulosité ; de ses tante Léa et Sara les valeurs morales et le goût de la vie. Il étudie, devient radio-technicien, travaille, le matin dans l’atelier paternel, l’après-midi dans une banque internationale tout en continuant d’étudier la physique à la faculté. Il monte son émetteur récepteur et entre en contact avec bien des gens intéressants. Ainsi, grâce à un autre radio-amateur, diplomate de profession - auquel il tient à rendre hommage - il se retrouve bientôt utilisateur d’une voiture de fonction proposée par une firme mondialement connue de boissons non alcoolisées. Cela lui permet de retourner dans la pampa, de connaître l’immense Brésil d’où il savait que venait son grand-père paternel, et de fréquenter des Indiens Jivago mais aussi de se familiariser avec toute l’Amérique du Sud...et de réfléchir. Tout gosse, à l’église, au catéchisme, il se sent mal à l’aise, et remarque qu’il rend mal à l’aise certains prêtres autour de lui. Son père n’est pas très clair lui-même avec ces problèmes d’appartenance au catholicisme, et seule sa tante Léa lui fait quelques allusions à la religion mosaïque dont il ne sait rien. | ....au travers du vaste monde... Un soir à la fac. il voit un appel à concours pour des bourses d’études.... et se retrouve en 1966 avec une situation en Roumanie. Et une bonne fortune - nous avons vu que Hugo sait profiter des occasions...- lui permet un voyage aérien au-dessus de l’URSS et une découverte de la Sibérie. Il occupe ses premières vacances à travailler à Stockholm. Et il continue ses randonnées, du Rhin à la Volga et de Stockholm à Salonique au travers d’un rideau de fer qui, pour lui, est très transparent. Il ne sait guère comment il se retrouve en 1969 marié à une roumaine fort enceinte, et repart en Uruguay l’année suivante, la vie en Roumanie ne le séduisant plus outre mesure. D’autant qu’il critique ouvertement le régime en place, même s’il trouve en Petre Roman une oreille complaisante - qu’il retrouvera deux ans plus tard à la fac de Toulouse. Mais entretemps et avant de quitter le pays, un menu fait déclenche chez G. Hugo une tornade latente : Cheminant dans une rue de Bucarest fortuitement non loin d’une synagogue, il voit un inconnu en sortir, le regarder un instant avec force et lui demander à brûle- pourpoint , en roumain évidemment, s’il veut bien rendre le service d’entrer pour compléter un minyan permettant de dire le kaddish, la prière des morts. Ce qu’il fait, kipa sur la tête, et stupéfait de trouver un lieu de culte sans représentations humaines, sobre, quasi sans décor ni statues. G. Hugo n’est jamais entré dans une synagogue et, au moment de sa première communion à l’église, a décidé fermement qu’il ne la confirmerait pas. Depuis, et sauf dans des conversations de famille à mots couverts avec sa tante, des allusions dont il ne saisit pas toujours le sens, la religion n’est pas sa préoccupation essentielle, apparemment En Uruguay, incité par une camarade de jeux de l’enfance, il se retrouve prof. d’électronique à l’ORT. G. Hugo vient en France en 1972, et exerce sa profession de technicien dans deux ou trois des plus grandes firmes nationales qui le propulsent de nouveau vers le Brésil, la Norvège et ailleurs. | ...et en recherche de sa judéité Mais à Toulouse en 1974, son ex-femme repart en Roumanie avec les trois enfants. G. Hugo ne reverra ceux-ci que 15 ans après, en 1989 pour s’entendre dire - première question posée - “à quoi sert qu’on nous ait baptisées dès notre retour ?” Et G. Hugo cherche, même en vacances, parcourt les archives, en Espagne bien sûr, en France, au Benelux, prend des notes, écrit. Il travaille à des «Cronicas marr-antes»1 et se spécialise dans les controverses du temps de l’inquisition. Il y a quelques années, muni d’une carte du nord-est du Portugal et des Asturies, G. Hugo part à la recherche de traces de judéité ancestrale, et trouve des éléments intéressants sur l’axe Braga, Orense, Lugo. Un jour, à Ibiza, un automobiliste le traite de “chueta de mierda”2. Cette haine de l’étranger, cinq cents ans après, le stupéfie, G.! En Uruguay, l’étranger était toujours aimé ! Il écrit sur les coutumes, la musique populaire et religieuse des trois religions du Livre. Il déplore son manque de culture de base, Hugo, mais il travaille sans cesse à en acquérir une vaste, énorme, parsemée d’océans d’ignorance bien sûr, mais il vise à s’assumer peu à peu en juif cultivé. Il souffre de n’y arriver autant qu’il le voudrait et pas assez vite, est impatient, un peu poète, un peu illuminé, un peu prophète aussi. Il se sent respectueux du religieux et fait des rapprochements philosophiques , bouillonne d’idées et de réflexions insolites. Il peine et exulte, Hugo ! Comme il suscite souvent l’étonnement, voire l’admiration, G. Hugo est orgueilleux et ne se fait pas que des amis ; son ironie éventuellement prophétique lui crée au contraire de solides inimitiés ! J’ai oublié de vous indiquer où j’ai rencontré G.H. : à la bibliothèque de l’Alliance Israélite Universelle à Paris c’est évident, dont il est un des piliers après sa journée de travail ! JC |